3. La lecture des ratures et des ajouts

  1. Dans l’énoncé : « *en espérent de les prendre en relief considération », l’étudiant aurait voulu demander au responsable de donner del’importance aux projets, la première expression qui lui serait venue à l’esprit est : mettre en reliefparceque quand quelque chose est mis en relief, il ne passe pas inaperçu. Ainsi les projets ne seront pas mis en attente par le destinataire. Mais se rappelant qu’on dit prendre en considération quelque chose et trouvant que cette expression exprime mieux sa pensée, il avait remplacé relief par considération.
  2. Dans l’énoncé : « *je vous pose entre vos mains », l’effacement de vous serait une autocorrection puisque le possessif vos est formé à partir de la structure profonde de + vous.L’intuition linguistique et la logique auraient dicté cette correction.
  3. Dans l’énoncé : « les plus importantes nécessités que tous de la commune», le barrage de l’expression que tous reviendrait à une incapacité de continuer la phrase d’une façon satisfaisante. Le recours à une phrase simple a permis d’éviter l’emploi d’une phrase complexe difficile à gérer.
  4. Dans l’énoncé : « *on souhaite d’avoir », l’effacement de la préposition d’ dont l’origine est, comme déjà expliqué, la langue maternelle, pourrait prouver deux choses :
    1. l’étudiant se rappelle la construction verbale du verbe souhaiter : on souhaite quelque chose.
    2. le système intermédiaire qu’il possède sur ce point (la construction verbale des verbes opérateurs) n’est pas encore stable parce que dans le même texte, il emploie « *en espérent de les prendre en considération » en reproduisant la construction syntaxique des verbes opérateurs en arabe.
  1. Dans l’énoncé : « *il n’y avait un lieu pour pratiquer les sports en groupe et pour cela les jeunes de notre commune vont allér loin pour les pratiquer », l’étudiant avait d’abord écrit pour cela, cet emploi ne l’aurait pas satisfait parce qu’un anaphorique non saturé sémantiquement reste pour lui moins expressif que la reprise lexicale. Le fait de couper la phrase après l’adverbe loin, donne l’impression de l’inachevé. Donc pour éviter la redondance, pour cela a été barré. D’autre part, l’effacement de la lettre [r] dans allér reviendrait, ou bien à une confusion entre sont et vont, la copule et l’auxiliaire modale, une surgénéralisation intralinguale erronée (après l’auxiliaire le verbe se met au participe passé) aurait dictée cette autocorrection. Par ailleurs, nous pouvons penser que l’apprenant avait ajouté l’infinitif aller au verbe conjugué vont parce que l’infinitif reproduit mieux le sens du verbe pour signifier le déplacement.
  2. Dans l’énoncé : « il nous faudrait une bibliothèque privée pour ce ceux qui veulent être au courant… », la conscience linguistique que ce ne s’emploie que pour « des choses et des états de chosesHarald Weinrich Op. Cit p. 481 » et non pour désigner des animés, aurait dicté cette autocorrection.
  3. Dans l’énoncé : « *je propose aussi de les faire leurs établir un cinéma… », au début l’apprenant a utilisé le verbe faire à valeur générique. Puis voulant être plus précis, il l’a remplacé par le verbe spécifique établir. Quant au remplacement de les par *leurs, il reviendrait à une autocorrection.
  4. Dans l’expression : « *dans leurs propre village ville », le remplacement de village par ville montre que, pour l’étudiant, une commune est une ville et non un village.
  5. Dans l’énoncé : « *pour pouvoir assistér », la confusion entre l’auxiliaire modale pouvoir et l’auxiliaire avoir aurait poussé l’étudiant à mettre assister au participe passé.
  6. Dans l’énoncé : « *sans aller aux autres villes où pour cet raison », l’emploi de où exigerait une subordonnée relative, le fait de barrer où et de continuer la phrase par une anaphore conceptuelle pourrait avoir deux explications : ou bien l’anaphore conceptuelle est le fruit d’un effort qui voulait éviter la répétition ou bien la phrase complexe introduite par où aurait posé un problème syntaxique. D’ailleurs ce n’est pas la première fois que l’apprenant, après s’être engagé dans une phrase complexe, avait remplacé cette dernière par une phrase simple. Ceci révèlerait, dans ce cas là, une stratégie d’évitement.
  7. Dans l’énoncé : « *pour empêcher satisfaire les besoins des gens de la commune», l’effacement du verbe empêcher aurait pour source le souci de ne pas se répéter parce que si ce verbe avait été adopté, l’étudiant aurait continué sa phrase ainsi : pour empêcher les gens de la commune d’aller loin…
  8. Dans l’énoncé : « *pour voir de proche près notres besoins », le remplacement de proche par près serait dû à une prise de conscience de la différence entre le fonctionnement de la langue française et du dialecte libanais. En effet l’arabe dialectal libanais tolère l’emploi de l’un des deux mots qui, précédés de la préposition de reproduisent le même sens :la proximité. L’adjectif proche a le même sens en arabe dialectal libanais qu’en français mais, précédé par la préposition de, il devient un adverbe qui exprime la proximité.