Quatrième production : Un fait divers

1. Sur le plan syntaxique

  1. Dans l’énoncé : « *en 20 janvier 1986 une grande bateau de pétrole il a fait un naufrage… », la préposition en remplace le défini anaphorique contextuel le. Elle est la traduction de la préposition [fi] qu’on met aussi bien devant les dates que devant les noms des mois en langue maternelle, alors qu’en français on dispose de deux prépositions pour les mêmes cas : en devant les noms des mois et le devant les dates. Dans ce même énoncé l’addition du pronom sujet il paraît inexplicable, alors que la marque de genre féminin dans le mot bateau revient à la langue maternelle. Mais ce qui attire l’attention c’est que trois lignes après nous lisons : «*en 1986 un bateau de 2000 tonne de pétrole a fait un naufrage». Ceci prouve une fois de plus une instabilité dans l’interlangue comme le constate Klein « *un bilingue qui a appris une langue dans sa petite enfance et une autre comme langue étrangère s’est d’abord construit un système plus ou moins (in)complet suivant le moment où intervient l’acquisition de la seconde langue. Par la suite, il se construit un autre système et quand il change de langue, il n’active pas des modules à l’intérieur d’un système unique mais passe d’un système à un autre Wolfgang Klein.- L’Acquisition de langue étrangère.- Paris : A. Colin, 1989. p. 23.».
  2. Dans les énoncés : « *il y a eu perdre de tout : pétrole et gens. qui sont dans ce bateau.» et « *comment on peut vivre à cette globe… », la première préposition dans reviendrait au fait que les passagers, pendant le voyage, vivent aussi bien sur le pont qu’à l’intérieur du bateau, alors que le choix de la deuxième préposition à reste incompréhensible.
  3. Dans l’énoncé : « *ils sont mortes a cause de polution », l’omission de l’accent grave [`] sur le a pourrait être une erreur d’inattention parce que nous lisons un peu plus haut : « probablement à cause d’une tempête maritime » sinon, nous pourrions considérer que l’étudiante n’est pas encore sensible à l’opposition a verbe avoir et à préposition. Quant à l’omission de la devant le mot pollution, elle reviendrait à une surgénéralisation intralinguale qui prouve que l’étudiante ne sait pas encore quand on peut omettre l’article après la préposition de. D’ailleurs cette omission est systématique, elle peut être l’indice d’un système intériorisé chez l’apprenant comme nous le constatons dans les exemples suivants :
    1. « *à quelques centaine de mètre de Bretagne ».
    2. « *proche de Bretagne ».
    3. « *tous les haitans de Bretagne ».
    4. « *ils sont peur de dangés ».
    5. « *ils sont mortes à cause de polution ».
    6. « *le ministre de santé ».
  1. Dans l’énoncé : « *la mer a devenu poluér », le remplacement de l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir reviendrait à une question de mémorisation de la conjugaison du verbe polluer. Mais l’orthographe de poluér révèle un conflit entre deux règles : le verbe d’état qui est suivi d’un participe passé et l’infinitif d’un verbe qui dépend d’un autre. Nous pouvons considérer que la forme choisie est une somme de deux hypothèses qui attendent que l’une d’elle soit confirmée.
  2. Dans les énoncés : « *ils sont peur » et « *un bateau a fait un naufrage», la première expression lexicalisée qu’il faudrait corriger en : ils avaient peur est une traduction de la langue maternelle qui exprime un état d’âme ils étaient dans un état de peur. La deuxième expression qu’il faudrait corriger par un bateau a fait naufrage serait due à une surgénéralisation intralinguale qui, pour l’étudiante, exige un déterminant devant le nom.
  3. Dans l’énoncé : « *pour atténuer de la polution », l’addition de la préposition de reviendrait à une traduction de la langue maternelle où l’une des constructions de la syntaxe du verbe atténuer permet la post-position de le la préposition de [min].