Chapitre 2. Mélodrame cinématographique et culture de masse

Après avoir abordé la formation des genres littéraires, pour montrer comment le mélodrame s’inscrit dans un contexte particulier, nous allons à présent nous pencher sur le problème des genres cinématographiques. Ceux-ci sont bien, dans certains cas, les héritiers de genres littéraires, et le mélodrame cinématographique se situe dans la droite ligne de son homologue littéraire. Deux éléments de cet héritage semblent susceptibles d’éclairer la réflexion sur le mélodrame cinématographique. D’une part, la configuration générique en littérature repose sur une série de critères qui connaissent certaines modifications en passant dans le domaine cinématographique. Nous nous attacherons donc dans ce chapitre à montrer les similitudes existant entre les genres en littérature et au cinéma, mais aussi leurs différences.

Le mélodrame parvient au cinéma accompagné d’une tradition critique visant à le dévaloriser en termes esthétiques, et en fonction de son rapport avec le public, souvent jugé complaisant. Nous prolongerons cette réflexion, pour montrer que ce mode d’appréhension du genre perdure au cinéma, tout en connaissant certaines évolutions dans ses modalités. Ainsi, la relation que le mélodrame cinématographique entretient avec la production de films en série par les studios – ce qui lui confère une tendance à la répétition mécanique de formules à succès et l’écarte des prétentions artistiques d’autres productions – apparaît déterminante.

D’autres éléments entrent en ligne de compte dans l’émergence du mélodrame cinématographique : la source littéraire n’est pas la seule et il convient de lui ajouter certaines formes de la culture de masse, en particulier le théâtre vernaculaire et le feuilleton radiophonique pour la production mexicaine et cubaine.

Ce chapitre prolonge donc les réflexions sur les origines génériques du mélodrame amorcées dans le précédant, tout en les recentrant sur les spécificités du medium cinématographique dans la création générique selon une double perspective : sur un plan théorique général, qui permet d’affiner les définitions énoncées précédemment, mais aussi dans le contexte concret d’émergence des films de notre corpus.