Chapitre 3 : Identification du mélodrame cinématographique au Mexique

Les deux précédents chapitres ont permis de montrer comment s’élabore le genre mélodramatique dans le champ littéraire, puis dans le champ cinématographique. La grande différence entre les deux, suggérée par Raphaëlle Moine, tient au fait que les genres littéraires sont intimement liés à la pratique artistique, ce qui permet de les hiérarchiser. Au contraire, au cinéma, les genres répondent à une logique plus délibérément commerciale, ce qui les renvoie du côté des productions de la culture de masse, c’est-à-dire les moins prestigieuses.

Cette distinction dans les deux modes de formation des genres est très importante. Pour étudier les rapports cinématographiques entre Cuba et le Mexique à travers leur collaboration dans le domaine mélodramatique, le fait que la création générique soit associée à la ‘«’ ‘ politique des studios ’» est fondamentale. Il convient ainsi de montrer, après avoir défini le cadre théorique général de cette étude, dans quel contexte précis nous travaillons les notions liées au genre. Cela implique d’étudier les structures de production existant dans les deux pays, pour faire apparaître lequel a pu présider à la mise en place des structures génériques réinvesties dans les coproductions. La disparité des moyens conduit à penser que le modèle générique des films que nous allons étudier doit être recherché au Mexique et non à Cuba, car le premier pays possède de solides infrastructures cinématographiques, ce qui n’est pas le cas du second.

Une fois ces différences en termes de structures de production établies, il est nécessaire de sélectionner un corpus de mélodrames mexicains significatifs, selon des critères qui seront précisés. L’observation de ces films permettra de dégager concrètement les caractéristiques génériques du mélodrame mexicain, prenant en compte à la fois leur cohérence et leur diversité. Cette étape est indispensable pour passer ensuite à un corpus de coproductions mexicano-cubaines, afin de mesurer les infléchissements que cette pratique particulière, engageant les deux pays, fait subir au modèle générique mexicain. À partir de là, nous pourrons préciser davantage les éléments entrant dans la définition des genres en général et du mélodrame en particulier, en fonction de leur degré de pertinence.