La première partie de ce travail a permis de faire apparaître des définitions du mélodrame se recentrant de plus en plus sur l’objet de notre étude : les coproductions entre Cuba et le Mexique sur le terrain cinématographique dans les années 1940 et 1950. Cela impliquait de partir des premières définitions du mélodrame en tant que genre – dans le champ littéraire – pour passer ensuite aux spécificités des genres cinématographique. Par la suite, nous avons proposé une définition du mélodrame mexicain. Toutes ces étapes sont indispensables, tant sur un plan théorique général que dans le cadre d’une étude contextuelle. Si en effet les genres cinématographiques sont fondés sur une ‘«’ ‘ politique de studios ’» 296 , il convient de montrer, dans le cadre de coproductions entre deux pays ayant des infrastructures très inégales, de quel côté il faut rechercher les modèles.
Une fois ces précisions apportées, il est indispensable de donner un cadre précis à l’étude qui va suivre. D’une manière générale, un mode de production particulier – ici, la coproduction – n’implique par nécessairement la mise en place d’un genre spécifique. Il convient donc de montrer comment l’établissement d’un corpus de films coproduits par le Mexique et Cuba fait surgir une esthétique particulière. Ainsi, il est dans un premier temps nécessaire de montrer pourquoi un tel système s’est mis en place, afin d’en dégager les logiques à la fois commerciales et esthétiques. Une fois ces éléments contextuels établis, on peut délimiter le terrain de ces coproductions, pour mettre en évidence les grands principes esthétiques qui s’en dégagent. Si ce mode de production est bien fondé sur une logique de production, cela signifie que certains éléments sont particulièrement sollicités en fonction des rendements commerciaux escomptés. Dans le cas des films étudiés, deux lignes thématiques et esthétiques s’imposent. Le cabaret d’une part, issu de la tradition cinématographique mexicaine, et remis au goût du jour dans les films du corpus. D’autre part, le traitement de phénomènes plus directement liés à Cuba, en particulier l’histoire du pays et certains traits culturels qui lui sont propres. Cela permet finalement de montrer que Cuba est largement traitée comme un objet de fantasme de la part des Mexicains, ce qui dessine la perspective dans laquelle est abordé le corpus dans l’ensemble de la deuxième partie de ce travail : des films donnant une image de Cuba le plus souvent pittoresque et touristique, ce qui a de grandes conséquences sur la façon dont ils sont jugés par la suite.
L’expression est prise dans le sens que lui donne Raphaëlle Moine, à la suite de Rick Altman : il s’agit du « studio comme participant du système hollywoodien, qui n’hésite pas alors à attribuer des qualificatifs génériques simples aux films de genre », Les Genres du cinéma, p. 64.