1.1.1. Une localisation cérébrale singulière

Le centre nerveux olfactif, appelé bulbe olfactif, est le premier relais du traitement du signal olfactif apporté par le neurone récepteur. Sa fonction est de transformer une stimulation chimique en sensation olfactive. Il se situe dans la zone antéro-inférieure du cerveau c’est-à-dire tout juste au-dessus des fosses nasales avec lesquelles il communique directement par le neuroépithélium olfactif et :

‘« constitue une portion extériorisée du tissu cérébral » 21 . ’

Il s’agit de la région la plus ancienne du cerveau antérieur des mammifères, que l’on appelle le rhinencéphale, “cerveau de l’odorat” et qui se distingue par son fonctionnement en partie autonome :

‘« l’odorat est le seul sens à n’avoir aucune connexion relayée par le thalamus vers le “nouveau cortex” ou néocortex, qui s’est développé en relation avec les autres centres sensoriels » (Gregory, 1993, 933).’

Il existe une autre particularité de la localisation cérébrale, son voisinage :

‘« les zones du cerveau chargées du traitement olfactif […] présentent des liens avec le système limbique, centre où s’élaborent les émotions » 22 . ’

Cette proximité de traitement des odeurs et des émotions explique en partie l’intervention de la tonalité affective dans la perception des odeurs et le rôle des émotions dans le travail de mémorisation olfactive :

‘« Le contenu cognitif de la perception olfactive – l’information que l’odeur représente sur le monde – est intimement lié à une impression de plaisir ou de déplaisir. On ne retrouve pas une telle force émotionnelle intégrée aux sensations que procurent les autres modalités sensorielles, à l’exception du goût » (Holley, 1999, 124). ’

Notes
21.

Jacques Le Magnen, in Encyclopædia Universalis (éd.1996, Corpus 16, 839).

Les localisations corticales, quant à elles, des sensibilités chimiques, « c’est-à-dire du goût et de l’odorat, demeurent encore incertaines ; les diverses constatations cliniques et expérimentales amènent à situer l’aire olfactive au niveau de la face interne du lobe temporal, dans la région dénommée uncus ou crochet de l’hippocampe ; sa stimulation entraîne en effet régulièrement le déclenchement de sensations odorantes dont, curieusement, le caractère est toujours désagréable. La localisation corticale du goût paraît située dans le fond de la lèvre supérieure de la scissure de Sylvius, au contact du lobe de l’insula, dans une zone assez mal délimitée, proche semble-t-il de l’aire de projection de la sensibilité générale de la langue » : Pierre Buser in Encyclopædia Universalis (éd. 1996, Corpus 11, 301).

22.

Selon les travaux des chercheurs de Lyon 1 (G. Sicard et C. Rouby) et Lyon 2 (J.M. Hombert) rapportés dans Lyon Capitale daté du 28 février 1996.