1.1.2. La nature et le traitement du stimulus odorant

‘« L’olfaction ou “odorat” est la fonction de l’un des organes sensoriels qui, […], opère une analyse chimio-sensorielle de l’environnement » 23 . ’

Tout autrement que pour la vue et l’ouïe dont le stimulus est de nature physique c’est-à-dire “mécanique” (analyse de la longueur d’onde et de l’intensité pour l’une, vibration de l’air pour l’autre), l’olfaction, ainsi que la gustation, sont définies comme des sens chimiques, par l’intervention desquels le stimulus est constitué d’une molécule chimique “ingérée” (Chastrette, 1995, 52).

L’odorat est donc :

‘« affaire de contact : il naît des liaisons qui s’établissent entre les capteurs dont notre organisme est équipé et les substances qui nous environnent »4.’

La zone de réception olfactive est formée d’une muqueuse sensible, de faible superficie et située dans le cornet moyen des fosses nasales, à dix centimètres au-dessus des narines. Cette muqueuse est recouverte de cils récepteurs sur lesquels agissent les molécules odorantes et dont on ignore précisément leur mécanisme de stimulation des cils récepteurs (Peynaud et Blouin, 1996, 47).

‘« Scientifiquement, ni la biologie, ni la chimie n’ont proposé de théorie unificatrice permettant d’inférer les primitives de cette perception » (Rouby et Sicard, 1997, 60) 24 . ’

Si la relation entre structure chimique et sensation odorante est mal connue, on sait cependant que pour assurer l’accès aux neurones olfactifs, les molécules portées par l’air doivent :

D’après des données électrophysiologiques, il s’avère que les cellules sensorielles, ou récepteurs olfactifs, réagissent de manière complexe. Une odeur, selon sa constitution, agit qualitativement sur une catégorie de récepteurs pour véhiculer un message nerveux spécifique de l’odeur perçue. Et c’est une plus grande concentration de ces molécules odorantes qui augmente la fréquence des stimulations nerveuses constituant ainsi le codage en intensité. Le fait que la cellule réceptrice n’ait pas de caractère spécialisé reste énigmatique 25  :

‘« Ce qui est exclu, c’est que chaque molécule odorante ait son récepteur propre, pour la simple raison que, si grand que soit le nombre de récepteurs, il est encore bien inférieur à celui des molécules odorantes discriminables » (Holley, 1999, 138).’

C’est pourquoi, l’une des pistes suivies actuellement s’attache à l’idée d’une insuffisance de spécialisation des cellules réceptrices 26 .

Notes
23.

Jacques Le Magnen, in Encyclopædia Universalis (éd. 1996, Corpus 16, 836).

24.

Même si l’on connaît mieux depuis une dizaine d’années les protéines membranaires qui détectent ces molécules odorantes (Holley, 1999).

25.

À la nature du signal s’ajoute celle du système de réception : les cellules réceptrices ou neurones olfactifs varient constamment en nombre : « Elles peuvent se diviser et donner naissance à de nouveaux neurones. En effet, les neurones olfactifs ont la particularité de se régénérer, leur durée de vie n’excédant pas quelques semaines » (Chastrette, 1995, 97).

26.

D’autres recherches se sont portées sur la nature du déclenchement biochimique permettant la transmission du message : une biologiste américaine, Linda Buck, a ainsi mis en évidence la présence de gènes capables de fabriquer certaines protéines très spécialisées dans le codage de l’information odorante (Libération daté du 30 novembre 1999).