La valeur hédonique

Toutes les recherches convergent autour du même constat :

‘« Se dessine […] un caractère très nettement hédonique dans notre habitude de classer les odeurs en bonnes et mauvaises » (Chastrette, 1995, 56) ;’

alors que :

‘« Les autres caractéristiques des perceptions olfactives chez l’homme, comme leur forte association avec des émotions et leur mémorisation à long terme, sont plus pertinentes pour la description des odeurs que pour leur classification » (id.).’

Le jugement hédonique est le paramètre prioritaire, le plus communément adopté 47 , dans l’évaluation des odeurs tandis que l’analyse descriptive ne peut se faire que par l’entraînement :

‘« Une des rares études comparant les experts et les naïfs [ie. les sujets non entraînés] pour différencier les parfums confirme que le jugement des premiers est moins chargé émotionnellement et moins lié à son contexte, et qu’ils utilisent plus de dimensions identifiables que les naïfs » (Rouby et Sicard, 1997, 63). ’

Cette évaluation, comme nous l’avons évoqué à propos des aspects culturels, est également dépendante de deux autres variables : l’intensité et la familiarité de l’odeur.

L’odeur est ainsi exprimée à travers l’effet qu’elle produit sur le sujet. Dans les travaux de David et al. (1997), les termes employés sont :

  • soit des adjectifs dérivés de verbes : piquant, gênant, insoutenable, insupportable…
  • soit l’expression odeur qui suivie d’un verbe : agit sur notre comportement, produit une sensation agréable, déclenche des envies, amène la grimace, fait du bien / du mal… 48 L’aspect hédonique prédominant à toute description de l’odeur est largement reconnu, même si David et al. préfèrent :
‘« la notion d’”effet” (sur le sujet) à celle de dimension “hédonique”, [… parce que celle-là] présuppose une objectivité de l’odeur extérieure et indépendante du sujet » (1997, 68).’

Notes
47.

La variable hédonique dans le lexique même des odeurs possèderait d’ailleurs un caractère universel, constate Boisson dans une étude sur la dénomination des odeurs à travers un échantillon de soixante langues et de neuf familles de langues : « On détecte partout l’importance frappante de la variable évaluative “hédoniste” » (1997, 34) ; (cf. aussi les recherches citées dans Dubois et Rouby, 1997, 12).

48.

Exemples tirés du corpus David et al. (1997).