La verbalisation

La connaissance des odeurs s’acquiert - dans la société occidentale tout au moins - d’une façon aléatoire et peu linguistique, le sujet étant le plus souvent livré à des expériences olfactives solitaires et impromptues. L’apprentissage reste informel et repose moins sur la dénomination de la chose odorante que sur l’explicitation du ressenti du sujet : plutôt que l’évocation de l’extrait odorant lui-même (voire de la substance chimique), les termes utilisés réfèrent au souvenir personnel ou à la source porteuse de l’odeur. Chastrette rapporte que :

‘« Des ethno-linguistes qui s’intéressent à ces questions en ont porté une illustration frappante. Ils ont fait sentir des substances, pour nous citronnées, à des Pygmées, lesquels les ont identifiées en répondant : “Cela sent le bonbon des blancs !”. Le trouble se manifeste ainsi dès le stade de la description » (1995, 74).’

Autrement dit, l’odeur n’a pas de nom propre, elle est rapportée à la source (le citron) ou à l’expérience vécue lors de son premier contact avec le sujet (le bonbon des blancs).

La verbalisation consiste soit à désigner parmi un choix de termes proposés celui qui traduit ce qui est perçu, soit à dénommer (par évocation) la source ou les caractéristiques de l’odeur.