3.2.3. Commun ground et univers sensoriel

Le common ground représente le terrain de connaissance commun à l’ensemble des interlocuteurs (Clark et Schaeffer, 1989). Il porte principalement sur des savoirs spécifiques et sur les intérêts communs que les participants dégustateurs sont amenés à partager :

Ce terrain commun, mais néanmoins variable selon les individus, est déterminant dans le contexte de discrimination d’arômes ou de dégustation où chaque participant se voit mis à l’épreuve face aux autres et que se met en place au cours de l’interaction une confrontation de savoirs et d’expériences.

Il constitue ce que Berrendonner (1990) appelle la mémoire discursive, incluant, non seulement l’ensemble des savoirs encyclopédiques et culturels, mais aussi :

‘« toutes les informations stockées en mémoire discursive depuis le début » ’

de l’interaction.

‘« L’ensemble des savoirs partagés par les interlocuteurs ; cet ensemble comprend les savoirs encyclopédiques et culturels utilisés par ceux-ci comme des axiomes dans leurs activités déductives et il est de plus alimenté en permanence par l’activité d’interaction ; énoncés, actes et implicites, qu’ils aient leur source dans les interlocuteurs ou dans la situation, y sont convertis en information de nature homogène » (Roulet, 1991, 66).’

Le partage est également issu de la mise en commun des sensations éprouvées et se pose la question de savoir si tous les participants :

‘« vivent dans le même univers sensoriel » (Sauvageot, 1996), ’

et réussissent à

‘« se communiquer leurs perceptions au moyen de mots » (id.). ’

Partant 1°) d’un présupposé que l’on peut énoncer à l’instar de Sauvageot :

‘« un groupe est, nécessairement, réuni dans un lieu géographique donné ; les personnes volontaires pour participer à ce groupe habitent cette région ; il semble donc naturel de supposer que les univers sensoriels de ces sujets sont voisins » (id., 292), ’

et 2°) du fait qu’aucun des participants n’est un abstème (et que tous par ailleurs maîtrisent suffisamment la langue française), nous avons considéré l’existence d’un univers sensoriel commun et partagé au moins en partie, malgré des origines géographiques parfois divergentes.