4. Intérêts des paramètres retenus

Les constituants du contexte qui viennent d’être décrits représentent les informations auxquelles les participants ont accès, qu’elles soient données au préalable (données contextuelles) ou qu’elles se constituent au fur et à mesure du déroulement de l’interaction (indices de contextualisation) :

‘« Il peut s’agir de données qui sont immédiatement perceptibles dans l’environnement physique (en ce qui concerne par exemple le “site” ou le “décor”, mais aussi de certaines caractéristiques des participants), ou qui sont fournies par le “texte conversationnel” lui-même » (Kerbrat-Orecchioni, 1990, 103).’

Les shifters ou “ énonciatèmes ” sont pour leur part les unités langagières :

‘« prévues pour prendre un sens dicté par les coordonnées temporo-spatiales de l’énonciation et de la nature de ses protagonistes ; ainsi les marqueurs de lieux et de temps (déictiques) : ici, maintenant, aujourd’hui, celui-ci, et les marqueurs pronominaux : je, tu, il, on, nous, eux… » (Cosnier, 1998, 111). ’

L’accès aux informations contextuelles est une aide déterminante à la construction de l’analyse des interactions.

On verra que le déroulement de la séquence est différent selon qu’il s’agit de décrire un arôme uniquement ou de déguster un vin ; et différent encore selon que le vin est identifié ou non à l’avance.

D’autres indices sont pris en considération grâce aux données textuelles : lorsqu’on apprend par exemple qu’une des participantes connaît les vins d’Alsace parce qu’elle est vosgienne, d’où son “avantage” sur ses interlocuteurs à mieux les reconnaître en dégustation. De même, il est parfois possible d’identifier l’origine des élèves : l’un d’eux parle avec l’accent espagnol, d’autres annoncent de quelle région viticole ils proviennent (région bordelaise, par exemple) :

‘A. Charles’ Charles il est bordelais il va nous parler-
E. ah non
A. du bordeaux, (Vivier n°5, 40).’

Le degré de connaissance des participants apparaît lors des confrontations de savoirs :

‘D. moi j’sens les la banane là hein
M. la banane
D. l’acétate d’iso-amyl en tout cas
[rire]
M. oh mais t’es trop savant toi (S.A.V. n°15, 824),

F1 mais c’est ces mots qu’vous employez c’sont des mots particuliers à la description des vins ou: (JJ & Co n°24, 1469).’

Les indices de déroulement de la tâche sont également inscrits. Ce sont les actes non-verbaux (regarder, sentir, goûter), appréhendés grâce aux images des enregistrements vidéo, qui déclenchent les actes verbaux (réactions, commentaires, jugements) ; ou certains énoncés qui explicitent un élément du contexte en début de séquence (au moment de la présentation de l’échantillon) ou en fin (quand les participants estiment en avoir assez dit) :

Au début, pour une demande de ré-explicitation de la consigne :

‘et qu’est-ce qu’on doit faire on doit dire euh (S.A.V. n°11, 5),’

Pour apporter un commentaire sur le millésime du vin à déguster :

‘qu’est-ce qu’on peut dire déjà on peut dire que 91 c’est une bonne année’ (Vinorama n°1, 13) ,’

Pour le démarrage de la première phase, relative à l’aspect visuel :

‘d’abord l’aspect visuel qu’est-ce que- (Vivier 96 n°2, 19),’

En fin de séquence, pour enchaîner sur la suivante :

‘vous allez rincer votre verre et on va passer sur euh les rouges maint’nant (Vivier 97 n°5, 122),’

Pour formuler un consensus final :

‘fruits rouges là on est sûr là (S.A.V. n°12, 340),’

Pour clôturer la séquence :

‘bon ben voilà (S.A.V. n°14, 1066),’

Pour la formulation du consensus et la clôture de la séquence :

‘bon on est tous d’accord pour un fruit rouge (JJ & Co n°18, 162).’