1.2. Les formes idiomatiques récurrentes

Il arrive qu’un terme attesté en dégustation perde son signifié commun au profit d’un autre exclusivement réservé au discours œnologique et dans un contexte énonciatif distinct. Ainsi, pour annoncer une phase de dégustation, les termes nez et bouche, instruments de la fonction sensorielle correspondante, sont utilisés en compléments de lieu pour signifier de manière concise qu’un énoncé au nez c’est franc équivaut à la paraphrase : /en apportant préalablement le verre de vin au nez et en inspirant convenablement, on sent que l’odeur est franche/ 109 .

‘au nez c’est franc (Vinorama n°1, 53),
là en bouche là c’ui-là i (sifflement) (S.A.V. n°16, 1160),
en bouche y’a une attaque euh (Vinorama n°1, 86).’

L’emploi métonymique de nez et bouche est spécifiquement dû au contexte de dégustation :

On relève également des constructions verbales fréquentes en situation de dégustation :

‘partir sur, être sur, aller vers,
il part sur la torréfaction (Vinorama n°1, 78),
on est plutôt sur des fruits confiturés (Vivier 97 n°9, 573),
mais j’irais plus vers un vin blanc type ch- c’est pas ça hein mais un châteauneuf blanc par exemple (JJ & Co n°22, 1177).’
Notes
109.

À propos d’une musique, on peut rencontrer l’énoncé : à l’oreille c’est agréable,

mais on dira, pour ce qui est du domaine tactile : au toucher c’est doux plutôt que :*aux doigts c’est doux.

110.

On ne trouve pas attestée dans le corpus l’expression “à l’œil” : effectivement, de l’avis que nous avons obtenu d’un sommelier, on parle plutôt de l’aspect visuel pour décrire la première phase de dégustation. Peut-être l’expression “à l’œil” est-elle trop connotée par son emploi figuré.