a) Le recensement dans le corpus
L’observation des occurrences dans le corpus montre que :
- je trouve que est nettement plus employé que les paradigmes j’ai trouvé que, je ne trouve pas que, tu trouves, vous trouvez… et que les quasi-synonymes je pense que, je crois que, j’ai l’impression que…
- le verbe trouver est toujours employé au sens d’avoir l’impression et non au sens d’avoir deviné (l’identité de l’odeur ou du vin testé) ; seules quelques occurrences dans ce deuxième sens sont relevées, jamais à la première personne et uniquement à propos des échantillons d’odeur :
‘tout l’monde a trouvé caramel
tout l’monde avait trouvé la violette
dans quels vins on trouve la noix ’
-
je trouve introduit dans l’instant de son énonciation une impression (sensorielle ou affective) dont le sujet fait part :
‘ça sent l’sel de céleri j’trouve
j’trouve pas ça très agréable’
- le sujet est présent dans l’interaction, qu’il s’agisse du locuteur lui-même (qui s’exprime par je), ou d’un ou plusieurs participants interpellés (tu ou vous)
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‘il a une… tu trouves pas’
est-ce que vous trouvez pas un p’tit côté euh: viandé.’
- les constructions syntaxiques les plus fréquentes sont : je trouve (que) P et je trouve X (un peu / assez / très) Adj. dans lesquelles le locuteur exprime une qualification de l’arôme ou du vin.
- Je trouve (que) P
est une forme dans laquelle :
-
je trouve est soit antéposé (j’trouve que c’est très fondu) soit postposé immédiatement (ça sent l’sel de céleri je trouve) soit postposé avec en plus le marqueur enfin (-fin moi j’trouve hein),
- que est parfois élidé (j’trouve c’est un peu vanillé),
- P est une proposition d’un état de choses (c’est + Adj. / c’est + N. + Adj. / il y a + N. / ça sent + N.…).
Je trouve (que) P peut aussi faire partie d’une intervention co-construite : un premier locuteur L1 énonce la proposition et L2 réagit, donnant une forme d’emploi absolu à trouver (tu trouves Ø apparaît comme une mise en doute ou une demande de confirmation) :
‘L1 c’est un p’tit peu alcooleux aussi
L2 tu trouves (Vinorama n°1, 65),’
ou se démarquant de la proposition de L1 je (ne) trouve (pas) Ø :
‘L2 j’trouve que ça sent pas la mandarine
L1 ah si moi j’trouve (Oingt n°25, 110),’
ou formulant l’opinion de L1 pour se démarquer ensuite :
‘L2 oui mais les calissons’
L1 oui
L2 ah j’trouve pas tellement (Oingt n°26, 168).’
- Je trouve X (un peu / assez / très) Adj.
Cette deuxième construction est une transformation de la précédente par suppression de être lorsque la proposition P est de la forme X est + (un peu / assez / très) Adj :
‘je trouve qu’il est gras - je le trouve gras’
et dans laquelle :
- X est soit un nom, soit un pronom (j’le trouve très très plat / j’trouve pas ça très agréable),
- Adj est un adjectif toujours ? graduable à l’aide d’un adverbe de quantification (un peu / assez / très…) : agréable, bien, clair, déséquilibré, discret, plat, typique…
Cette construction présente d’autres formes similaires (l’une avec l’absence de X, l’autre avec la locution “trouver à”) :
‘j’trouve un peu discret au nez
j’lui trouve pas vraiment d’l’alcool / j’lui trouve une certaine santé.’
- La construction trouver + substantif de l’arôme :
‘je trouve + (dét.) N’
est peu attestée, peut-être parce qu’elle génère une ambiguïté avec l’autre sens de trouver. On la trouve en dégustation :
‘j’trouve aussi à nouveau la fraise (S.A.V.),
j’trouve la mangue (Vivier 96).’
Et en séquence de discrimination d’arôme :
‘je trouve savagnin (S.A.V.)
pissenlit moi je trouve (JJ & Co),’
Elle peut être modalisée avec un adverbe :
‘j’trouve que c’est plus mandarine que la: (Oingt).
ou bien par l’adjectivation de l’arôme :
moi j’trouve qu’c’est plus vanillé qu’ça plus euh’