4. Les spécificités de la langue de dégustation

Se dégagent de l’analyse faite sur le discours de la dégustation des spécificités lexicales sémantiques et des règles de distribution relatives au déroulement ordonné dans le temps de la dégustation.

4.1. À propos des termes afférents aux qualités du vin

L’analyse lexico-discursive du corpus a permis de répertorier un ensemble de termes dont une large majorité sont de nature évaluative. Étudiés à partir d’un dictionnaire général et d’un lexique spécialisé et cautionnés par des professionnels, ces termes attestés par des professionnels et des non professionnels montrent que déguster est un exercice d’analyse sensorielle au cours duquel chaque “impression” est susceptible d’être “exprimée” avec justesse et à un stade précis de la dégustation.

• La majorité des termes afférents aux qualités du vin sont des adjectifs, c’est-à-dire des termes subjectifs dont le sémantisme est flou et faible dénotativement (Kerbrat-Orecchioni, 1977, 76). Cette remarque conduit à définir l’acte de dégustation analytique moins comme l’énumération des constituants proprement dits que comme l’évocation des effets ressentis par ceux-ci. Dubois et Rouby, à propos des odeurs, constatent également cette prédominance d’adjectifs qui :

‘« suggère que l’odeur serait non pas un objet du monde extérieur mais davantage un effet (du monde certes) produit par le sujet (et donc ressenti par lui) » (1997, 16).’

Parallèlement, la dégustation serait volontiers un exercice visant à évaluer les caractéristiques du produit qui provoquent dans le même temps un jugement de plaisir ou de déplaisir ressenti. 

• Les substantifs sont peu nombreux, hormis ceux des arômes et ceux qui paramètrent la dégustation :

‘le nez, la bouche, l’attaque, la finale, l’acide, le moelleux…’

On trouve en revanche des termes “génériques” :

‘côté, notes, caractère, choses, quelque chose, pointe, touche…’

qui viennent “substantiver” la qualification :

‘le côté floral, des notes miellées, des choses herbacées, quelque chose de boisé…’

• En discours oral, c’est le locuteur dégustateur qui est l’acteur prioritaire. Les verbes se rapportent plus à la personne qu’au vin. On trouve des verbes de perception :

‘avoir, sentir, avoir l’impression…’

des constructions verbales spécifiques ayant pour sujet le vin :

‘partir sur, être sur, aller vers,’

ainsi que trouver construit essentiellement sous la forme :

‘je trouve (que) P. ’