1.4. Prenant parfois la forme d’interview

L’interaction prend la forme d’une interview lorsque l’action en cours amène un locuteur à poser un problème, à interroger les autres participants et ainsi à piloter le thème 217  :

‘« L’interview s’apparenterait à l’entretien si l’un des interlocuteurs ne se spécialisait pas dans les questions, tandis que l’autre, ou les autres, ont à fournir des réponses » (André-Larochebouvy, id., 11).’

Des questions sont implicitement posées au départ : ce sont à chaque séquence celles de décrire et de juger les échantillons d’arôme et de vin présentés. Cela dit, on observe aussi une structure proche de l’interview, lorsque le professeur devient meneur :

‘A. de quel ordre est la P.A.I.’
E. deux
A. non trois deux quand même pas hein et vous- vous aimeriez le: déguster avec quoi’
E. rien
A. oh vous êtes durs (Vivier 96 n°2, 90).’

De manière plus inattendue, on trouve la forme de l’interview au cours de l’interaction S.A.V., lorsque D. ne cherchant pas se prononcer le premier (il pense à l’odeur de “rose”), se met à questionner P. et l’aide à avancer dans sa recherche :

‘P. y’a une odeur de bois moi j’trouve un peu hein
D. quel genre d’ bois
P. un peu d’cire un peu
D. un peu oui
P. j’sais pas de hein
D. un peu oui
P. oui
D. encaustique
P. encaustique oui oui
D. mais y’a une autre odeur qui est en avant en avant ça c’est en- moi j’vois en arrière-fond le l’odeur de
P. oui
D. d’encaustique
P. ah oui d’accord oui oui d’accord
D. y’a une ambiance mais
P. oui oui
D. y’a quelque chose qui sort là devant
P. oui qui pique un peu plus
D. c’est l’cas d’le dire [rire] (S.A.V. n°14, 580).’

La formulation des questions semble être une aide à la progression du travail cognitif commun auquel sont attelés les participants. Mais elle est transitoire : une telle démarche très ponctuelle d’interview s’apparente à la maïeutique, agrémentée toutefois du caractère ludique de la devinette, voire de l’humour (ici, le rire de D. joue sur la double occurrence de piquer / soit le nez soit la peau / et préfigure la réponse « odeur-de-rose »).

Notes
217.

On trouve aussi certains traits de l’interview dus aux contraintes de l’enregistrement et qui sont, comme le précise André-Larochebouvy (1984, 12), d’ordre stylistique (chaque participant contrôle son langage) et technique (les participants évitent de parler en même temps).