2.2. La séquence
La séquence est une partie de l’interaction, délimitée de deux manières possibles :
- soit par le thème abordé et la séquence, qu’André-Larochebouvy appelle l’épisode, devient un
‘« ensemble de répliques consacré à un sujet, un thème unique » (1984, 58) ;’
- soit par la tâche à accomplir et la séquence est en cela appelée transaction (Roulet) au terme de laquelle les participants peuvent d’eux-mêmes juger la séquence accomplie.
Nous nous sommes quant à nous fondée sur un postulat à la fois thématique et pragmatique qui définit la séquence comme le temps de l’interaction compris entre la présentation d’un premier échantillon (d’arôme ou de vin) et le passage à l’échantillon suivant. Ce qui nous permet, plus ou moins aisément parfois, d’obtenir pour chaque séquence :
- une unité de thème, si l’on postule que le thème principal de la séquence est induit par l’échantillon présenté ;
- et une unité d’action, si l’on postule encore que la séquence se termine au moment où le but est atteint, c’est-à-dire lorsque l’arôme est identifié et / ou dénommé, le vin décrit et / ou identifié220.
Nous obtenons ainsi vingt-neuf séquences dont la structure interne reste assez stable et, pour les dégustations de vin, très proche du protocole décrit. C’est par conséquent plus au rang de la séquence qu’à celui de l’interaction que s’inscrit le script ou scénario de la dégustation : la séquence s’ouvre sur l’entrée en scène d’un nouvel objet qui constitue le thème central de l’interaction jusqu’au passage à l’échantillon suivant.
Remarques :
- si le thème de la séquence est réservé à un seul objet (un arôme / un vin), les sous-thèmes et les glissements du thème sont tout à fait repérables et constituent un critère essentiel de découpage des séquences ;
- les effets de rupture liés au passage d’un échantillon à un autre rendent les séquences relativement autonomes, mais obligent en contrepartie les participants à un effort ostensible de “relance” de l’interaction sur un nouveau thème et, pour y mettre un point final, d’amorce de sa clôture. Ces efforts, heureusement facilités par un script bien établi, sont repérables :
-
- chez le participant qui initie la séquence ou l’un des sous-thèmes de la séquence avec des marqueurs catalytiques :
‘bien, alors / allez quelqu’un qui déguste bien / ben:: déjà la couleur / bon, alors / alors / on peut dire’ etc.’
- chez celui qui tente de la clore, avec des marqueurs ponctuants, plus ou moins consensuels :
‘voilà / voilà c’est tout / bon ben voilà / fruits rouges là on est sûr là / oui ben ma foi c’est très très intéressant / bon on est tous d’accord pour un fruit rouge / bien i va falloir s’prononcer / tout est dit / vous allez rincer votre verre et on va passer sur euh les rouges maintenant etc.’
Notes
220.
Cette décision n’est d’ailleurs pas arbitrée par nous-même, observateur puis auteur du découpage ultérieur,, mais bien plus par les participants lorsqu’ils estiment d’eux-mêmes en avoir dit “assez”.