2.4.2. Natures et complexité de l’intervention

L’intervention est, elle, considérée de façon plus dynamique que ce soit par rapport à l’unité supérieure, l’échange, ou par rapport aux unités de rang inférieur, les actes de langage. Nous verrons ici sa nature et son degré de complexité (verbale ou non verbale, “mono-construite” ou collective) et nous analyserons à la fin de ce chapitre ses différentes positions (initiative, réactive ou évaluative) à l’intérieur de l’échange.

L’intervention revêt de nombreux aspects. Elle peut être non verbale si elle se manifeste par un signal régulateur tel que l’acquiescement par un signe de tête ou au contraire la mise en doute par une moue du visage durant ou après l’intervention du premier locuteur.

Elle peut aussi être construite collectivement :

  • soit de façon complémentaire, lors de la négociation d’un terme
‘M. et en bouche il fait beaucoup plus:
D. étoffé
M. plus étoffé (S.A.V. n°16, 1177),’
  • soit par la réitération de l’intervention initiative reprise intégralement ou partiellement (à la manière d’un “accusé de réception” ) 223  :
‘D. quelque chose de très sucré
M. très sucré oui
P. très sucré (S.A.V. n°11, 128), ’
  • soit par une manifestation de coopération entre les participants, comme dans cet échange très symétrique :
‘P. pense à à un- pense à un esquimau ge- un esquimau glacé
M. pense à quelque chose que tu aimes et que je te ramène du Midi
JP. oui mais les calissons’
M. oui
P. ah oui, (Oingt n°26, 179).’

Notes
223.

Réalisation d’échange souvent rencontrée dans le corpus : le phénomène des reprises systématiques serait l’une des caractéristiques des corpus authentiques (Kerbrat-Orecchioni, 1990, 246). Cette forme de reprise en écho donne lieu cependant à deux interprétations lisibles le plus souvent grâce à l’intonation et au contenu des échanges, selon que l’intervention réactive :

- est une confirmation de l’intervention initiative dans le cas d’un échange binaire :

M. y’a d’la fleur

C. y’a d’la fleur (S.A.V. n°14, 667) ;

- est une mise en doute, constituant à la fois la réaction à l’intérieur du premier échange et la demande de justification de l’échange suivant :

D. moi j’sens les la banane là hein

M. la banane’

D. l’acétate d’iso-amyl en tout cas

(rire) (S.A.V. n°15, 824).