4.1.1. Le démarrage : explicitation des “pré”

‘M. mince j’ai failli mettre mon nez d’ssus [rire]
C. susurré mais c’- on peut faire des gags comme ça où on voit le nez qui s’met à grossir
D. Pinocchio
C. avec des p’tites branches qui poussent
[rire]
M. je r’f’rai un coup après

C. non mais ça je l’sens mieux
[rire]
D. ça rassure

D. ah oui [rire]c’est bon
[O. tout l’monde l’a senti vous vouliez ressentir]
M. moi j’voulais r’ssentir un p’tit coup
D. alpha-ionone [rire]
M. hein quoi

C. oui non mais je crois que j’ai mon::
P. mon opinion’
C. mon opinion
D. oui pas d’problème [rire]
[O. alors,]’

Le démarrage de la séquence comporte de nombreuses pauses (silences durant lesquels l’échantillon circule) et différents échanges qui donnent la tonalité (ici ludique) de l’interaction en cours : les participants ont déjà exécuté une première séquence de discrimination d’arôme au début de laquelle l’un d’eux avait mis en garde M. de ne pas toucher le flacon avec son nez. La première intervention de M. (qui est en train de sentir le deuxième flacon présenté) fait donc allusion au début de la séquence précédente.

Suivent des échanges humoristiques peu audibles entre D. et C. pendant que circule l’échantillon.

D. avance déjà une proposition avec un signifiant chimique (alpha-ionone) : il montre qu’il connaît la réponse, mais en même temps, qu’il respecte la consigne de ne rien dire avant “le signal”. Sa réponse qui n’est pas valide en dégustation – elle ne fournit aucune information aux interlocuteurs qui ne connaissent pas les termes chimiques - déclenche un petit rire.

M. “rejette” indirectement la réponse de D. en manifestant son incompréhension des termes de chimie par la question hein quoi.

Après une longue pause, C. et D. annoncent qu’ils se sont fait une opinion, autrement dit qu’ils énonceront leur proposition quand qu’ils le pourront.

L’intervention de C. est interrompue : l’allongement sur mon::: est inféré comme une marque d’hésitation de C. qui cherche son mot.

P. termine l’assertion de C. sans pour autant la prendre à son compte : on ne devine pas si P. comme C. a aussi son opinion.

C. confirme la justesse de l’intervention de P. par une reprise en écho mon opinion.

D. annonce à son tour, mais plus indirectement qu’il a trouvé un signifiant (oui pas d’problème) puis, loi de modestie oblige, il atténue l’assurance qu’il a trop vite montrée par un nouveau petit rire, tout comme après ses deux précédentes interventions.

O. l’observateur 243 donne le signal de l’ouverture “verbale” de la séquence avec un marqueur introductif alors qui a deux fonctions : il ponctue les échanges préliminaires sur lesquels avait démarré la séquence (explicitant ainsi un constat : /puisque tout le monde est prêt/) et il ouvre l’échange suivant (sous forme d’une requête implicite : /vous pouvez commencer à parler/).

Notes
243.

Nous intervenons peu au cours des enregistrements sauf, comme dans ce cas, lorsque les participants se tournent vers nous (et la caméra) pour obtenir un signal de départ. Ceci est arrivé surtout en début d’enregistrement. Pendant les séquences suivantes, les participants étaient plus autonomes.