L’insistance

L’insistance permet le plus souvent de justifier soit la vraisemblance soit l’invraisemblance de la proposition. Elle apparaît après la proposition et la réaction à la proposition, comme dans cet échange ternaire :

‘C. les bonbons à la framboise dont j- que j’aime pas justement
D. ah oui bonbons anglais’
C. oui les bonbons quand on croque là. ’

Elle se réalise par une reformulation ou par le développement d’un argument.

‘vraiment c’est framboise ça’ ‘les bonbons quand on croque là
les fraises rouges là au sucre
les bonbons à la framboise dont j- que j’aime pas justement’

différents marqueurs d’insistance sont utilisés, là, justement, tu sais :

‘c’était amande verte de l’arbre tu sais qu’on sent dans la- dans la coque (JJ & Co n°19, 321).’

La répétition ou la reformulation sont plus réactives qu’évaluatives si elles sont apportées par un locuteur autre que l’auteur de la proposition :

‘M. non les fraises euh les fraises euh tu sais
D. oui fraise’ ‘C. ma première idée c’est plutôt les bonbons à la framboise dont j- que j’aime pas justement
D. ah oui bonbons anglais’ ’

ou comme P. qui tente de préciser le signifiant :

‘M. un p’tit peu fleur de ben un truc comme ça quoi
P. fleur d’oranger non
M. non ’

L’argumentation est utilisée par le locuteur pour renforcer sa position. Elle peut porter sur la chose dont il est question, comme dans l’énoncé suivant (M. sait que le monoï, que lui rappelle l’échantillon présenté, contient de la fleur de tiaré et de la vanille ; son argument expose la déduction qu’elle fait à partir de ses connaissances personnelles) :

‘c'-à-dire y’a y’a une odeur qu’y’a dans l’monoï alors je sais pas si comme dans l’monoï y’a la fich- fleur de tiaré y’a d’la vanille’

Dans l’échange suivant, P. est le seul à ne pas avoir trouvé l’arôme réglisse ; ce qu’il perçoit ne coïncide pas avec son “image olfactive” de réglisse :

‘JP t’es pas d’accord avec la réglisse’
P non
JJ bon ben c’est intéressant, deuxième temps, non non mais tu j’ te dis
P ch’us pas d’accord y’a quelque chose qui manque (JJ & Co n°21, 731).’

D’autres formes d’argumentation sont attestées. On trouve :

‘vas-y renifle’ ‘oh non c’est d’la vanille framboise j’connais qu’ça’ ‘mais c’est des trucs synthétiques ça’

Le présupposé (ici implicite) est : /les produits de synthèse ne peuvent jamais reproduire l’exacte réalité et l’échantillon de l’arôme framboise n’est qu’une pâle réplique de l’odeur de framboise /. Or, l’image olfactive que nous possédons de la framboise est construite sur l’odeur naturelle qui forcément ne coïncide pas avec celle de l’échantillon, donc une marge d’erreur d’identification est inévitable.