4.1.9. La relation interpersonnelle

L’analyse micro-syntaxique permet de mesurer la variation de la relation entre les participants durant la progression des échanges : il est intéressant de noter qui parle le premier, qui dirige, qui conclut les séquences. Dans l’extrait choisi, c’est M. qui intervient le plus souvent - comme dans la majorité des séquences 249 – et qui est la première à donner une proposition.

P. en revanche est celui qui intervient le moins souvent et qui est aussi le dernier à donner sa proposition. Il est celui qui réagit le plus : ses interventions sont plus volontiers réactives soit qu’elles accusent réception de ce qui vient d’être dit, soit qu’elles reformulent un énoncé ou une proposition. Ses interventions initiatives, elles, sont interrompues ou ignorées (elles ne sont pas suivies d’interventions réactives).

C. intervient souvent malgré sa difficulté de mettre en mots ses impressions : ses actes de langage sont “évocateurs” (la Tahitienne, les bonbons qu’on croque, les bonbons que j’aime pas justement…).

D. qui n’a pas une relation aussi proche avec les autres participants marque sa distance en maintenant le vouvoiement et en intervenant peu en début de séquence. Ses interventions deviennent plus fréquentes après sa proposition qu’il énonce cependant après une précaution :

‘maintenant qu’vous l’avez prononcé’

Pourquoi attend-il que d’autres se soient “prononcés” avant lui pour apporter sa contribution, alors qu’il manifeste dès le départ l’assurance de la réponse (framboise 250 ) et qu’aucune consigne extérieure ne l’empêche de parler le premier ? Il est probable qu’il veuille marquer sa position hiérarchique par rapport à C., un de ses anciens professeurs, en ne s’autorisant à parler qu’après lui.

Notes
249.

M. est la première à donner un référent dans trois des quatre séquences de reconnaissance d’arôme : S.A.V. n°11 (83), n°12 (244), n°13 (387). Elle est aussi la première à donner des qualificatifs à deux des trois vins dégustés : S.A.V. n°15 (767), n°16 (1063).

250.

À noter que, lors des échanges préliminaires de la séquence, D. (spécialisé dans le secteur de la chimie) donne le nom de la molécule (alpha-ionone ?) suivi d’un petit rire (softener) : sachant que ses interlocuteurs ne déchiffreront pas la signification, il se permet un énoncé qui ne peut entraver la bonne marche de la séquence.