Les dégustateurs viennent tout juste de mettre une première fois le vin en bouche : les deux phases antérieures (aspects visuel et olfactif) font présumer de la suivante.
C’est à E1 de faire le premier une évaluation gustative :
‘finalement il est pas très sec moi j’trouve qu’il est Gras’Il confronte ses propres impressions. L’ayant préjugé sec lors de la phase olfactive, il se ravise après la mise en bouche : le connecteur de reformulation finalement réfère à l’une de ses précédentes interventions moi j’pense qu’il doit être sec.
A. qui n’avait pas manifesté de désaccord à propos de sec lors de la phase olfactive, a laissé son élève rectifier de lui-même l’évaluation et cette fois elle l’approuve : oui c’est très gras. Elle l’oriente tout de suite après vers la question relative à l’attaque en bouche, mais n’obtient pas une information suffisante : pas très forte ça va qui est plus une réponse par défaut que celle qu’elle attend.
A. reformule l’impression de E1 en mettant en avant l’aspect hédonique et en l’énonçant comme une demande de confirmation (intonation montante en fin) :
‘non mais c’est agréable’ ’E1 confirme et répète l’énoncé :
‘ouais c’est agréable’A. justifie ce jugement hédonique en sous-entendant que l’absence d’acidité a un effet agréable et que ses interlocuteurs partagent ce fait. La valeur positive de agréable est reportée sur pas du tout acide avec l’intonation également ascendante 253 .
A. est interrompue par E1 qui coopère en reformulant la proposition de A. : c’est- c’est frais euh comme si pas du tout acide impliquait ou équivalait à frais 254 .
A. fait deux répétitions : elle valide l’énoncé de E1 puis confirme son impression de départ :
‘c’est frais c’est très agréable’Gras, agréable, frais sont les trois évaluatifs de l’attaque qui a donc une valeur positive pour le groupe ou en tout cas pour A. et E1.
Notée sur 4 tons :2 2 2 2 2 2 4 1 1
elle est pas du tout acide elle est-
Mais c’est le contraire : en fait, la sensation de fraîcheur est rendue par une “bonne“ acidité, perceptible surtout en fin de bouche. « Fraîcheur : impression olfactive et gustative créée par un vin jeune, d’un taux d’alcool peu élevé, de bonne acidité et très probablement de style floral » (Hachette, 1996).