4.2.3. La fin et la rétro-olfaction

‘A. la fin d’bouche est: assez agréable
E? moi j’trouve qu’il est gras
A. par contre (mimique dégoût + gestes) en rétro-olfaction (mimique + gestes)

E? (c’est huileux’)
A. oui on a un peu pâteux hein un peu: collant pâteux
E? ... il est pas assez frais...
A. il est pas très frais non plus mais bon c’est- pour la dégustation pour vous c’est- i vaut mieux pas l’avoir très frais parce que sinon- on perdrait l’ côté aromatique’
E? il est un peu acide’ maint’nant non’
E? oui
A. voilà, en FIN d’bouche après on a l’acidité voilà,
E? … une fin d’bouche est un peu acidulée’

C’est A. qui enchaîne au cours de la même intervention comme tous ces types de vins’ sur le thème de la fin de bouche : la fin d’bouche est: assez agréable. La caméra ne permet pas de savoir quel élève intervient : il semble que E1 se soit mis à l’écart, c’est pourquoi nous avons transcrit les interventions d’élève(s) avec E? au lieu de E1.

A. ne fait pas de demande aux élèves : comme pour le thème du milieu, c’est elle qui décrit la fin de bouche, donnant encore la priorité au critère hédonique avec une intonation ascendante sur agréable 256 .

Un élève E? enchaîne sur l’aspect modéré de la sensation agréable (dénoté par assez)pour faire part d’une impression, déjà donnée au début de l’extrait :

‘moi j’trouve qu’il est gras’

Sa proposition ne s’imbrique ni vraiment avec l’intervention précédente ni avec la suivante et peut être vue comme un commentaire de E? à soi-même :

‘/c’est mon point de vue mais je ne cherche pas particulièrement à le faire partager/. ’

Enchâssée à l’intérieur d’un autre échange, on peut la considérer comme une intervention réactive puisqu’elle répond au moins à la consigne préétablie : l’élève fait part de ses impressions comme la tâche de dégustation le demande.

A. poursuit la description : l’éloge modéré relatif à la sensation en fin de bouche l’amène à évaluer celle en rétro-olfaction et c’est le connecteur par contre qui met en opposition les deux impressions (en fin de bouche vs. en rétro-olfaction).

L’énoncé verbal est entrecoupé deux fois d’une mimique de léger dégoût (concomitance : yeux plissés + mâchonnement) accompagnée d’un mouvement répété de rotation de la main et d’un geste de doigts “qui collent ”. La description est exprimée gestuellement avant d’être verbalisée :

‘par contre (mimique + gestes) en rétro-olfaction (mimique + gestes) ’

A. ne trouve pas tout de suite le qualificatif à donner à une sensation ostensiblement perçue comme désagréable. Et nous interprétons l’ensemble non verbal des mimiques et gestes comme un signifiant cataphorique, précurseur des termes énoncés ensuite pâteux, collant.

E? profite des pauses gestuelles pour souffler une réponse (c’est huileux’) formulée en demande de confirmation : son intervention sert à la fois à compléter celle de A. dans laquelle elle est enchâssée et à initier un nouvel échange.

A. répond à E? et complète son intervention avec deux signifiants pâteux collant sur lesquels l’intonation est cette fois descendante 257 .

La transcription devient plus difficile au fur et à mesure qu’augmentent l’agitation et le bruit ambiants (les dégustateurs ont goûté et font circuler un seau pour vider les verres).

Un des élèves situé assez loin du micro intervient à propos de la température : il est pas assez frais ce qui peut expliquer pourquoi les sensations sont un peu désagréables.

A. réagit, estimant que, pour des élèves qui apprennent à déguster, il vaut mieux une température pas trop basse et elle justifie son opinion.

Une élève fait à son tour une proposition sur le caractère acide (avec intonation ascendante) que prend le vin en évoluant au cours de la dégustation 258 . Elle est approuvée par une autre élève puis par A.

voilà en FIN d’bouche après on a l’acidité voilà.

Ces deux propositions d’élèves, l’une relative à la température, l’autre à l’évolution acide, traduisent indirectement la difficulté de la tâche : les impressions gustatives ne sont pas stables et dépendent de facteurs externes tels que la température et l’oxygénation du vin.

L’évaluation en bouche se dégrade progressivement : la sensation en bouche est assez agréable, autrement dit moins en fin qu’en début. Elle devient vraiment négative en rétro-olfaction : un peu pâteux, collant.

Notes
256.

Notée sur 4 tons :2 2 2 1 2 2 2 2 3

la fin d’bouche est: assez agréable

257.

Notée sur 3 tons :2 2 2 2 2 3 2 1 2 2 3 2 2 1

oui- on a un peu pâteux hein un peu: collant pâteux

258.

Notée sur 4 tons :3 3 3 3 2 4 1 1 2

il est un peu acide’ maint’nant non’