Nous voudrions étudier ici les actes particulièrement remarqués dans notre corpus, qui se situent en position initiative des échanges et qui sont ceux que nous avons appelés :
Leurs similarités et leurs différences de contenu et de forme permettront de mieux définir leur rôle dans les interactions du corpus.
Leur visée est de référer à une situation extralinguistique 263 (Rémi-Giraud, 1991, 60). Leur deuxième point commun est leur position dans l’échange : on les trouve en position d’intervention initiative.
est attesté mais, à la différence des dégustations de vin, un peu, assez, très… ne sont pas apposés au substantif 264 :
‘ ?un peu vanille’La position initiative de l’assertion pose la difficulté de connaître à quoi elle répond pour ainsi provoquer l’enchaînement des interventions qui suivent. Elle se trouve imbriquée 1°) avec ce qui précède et 2°) par rapport à ce qui suit. Pour ce qui concerne les séquences du corpus :
L’assertion de par sa position initiative et l’information portée par son contenu :
‘« met en appel d’une manière explicite sa reconnaissance par l’interlocuteur » (Rémi-Giraud, 1991, 58). ’Récapitulons :
Énonciation de I. initiatives : |
PROPOSITION |
ACTE ÉVALUATIF |
Regard | Baissé | adressé |
Intonation | Descendante | ascendante si + (descendante si -) |
Formes introductives |
je crois que je pense que |
je trouve que |
Modalisation | Sa d’arôme non graduable (sauf pour le vin) |
un peu assez très… |
Une assertion est « un énoncé qui se présente comme ayant pour fonction principale d’apporter une information à autrui » (Kerbrat-Orecchioni, 1991, 14). La définition reste floue pour de nombreux auteurs (cf. Kerbrat-Orecchioni, 1991), et celles du P.R. (1973) prêtent à polémique : « Proposition que l’on avance et que l’on soutient comme vraie », plus spécifiquement en linguistique : « Toute phrase qui n’est ni une interrogation ni une exclamation ».
La caractéristique de l’assertion est « la manifestation d’une plénitude cognitive (dans le domaine concerné), que L1 tente de transférer sur L2 » (Kerbrat-Orecchioni, 1991, 18).
L’arôme du vin peut bénéficier d’une graduation : un peu muscat (Vivier 96 n°2, 38), un peu l’champignon (Vivier 97 n°5, 70), il est presque muscat (S.A.V. n°16, 1141), il est très fleur blanche (JJ & Co n°22, 973), etc. Celui de l’échantillon n’est gradué que deux ou trois fois dans le corpus : un peu safran (Oingt n°29, 464).
En fait, les actes évaluatifs relevés dans l’extrait (Vivier 96, n°2) se font durant la phase gustative. Or, l’acte de goûter (durant lequel le regard est effectivement toujours baissé) n’est pas concomitant à la parole. Les actes évaluatifs sont plus souvent adressés (du regard) que durant la phase précédente. Nous avions noté par ailleurs que les contacts entre participants augmentent au fil de la séquence : les regards adressés sont donc plus nombreux en phase gustative.
L’intonation peut être descendante lorsque l’adjectif se “substantive“ avec la forme le / un côté : j’ai pas au nez le côté alcooleux, (Vinorama n°1, 70), ça c’est le côté sua:ve euh fruité, sucré, (Vivier 96 n°4, 233), ah oui, mais ça c’est l’côté piquant, (S.A.V. n°15, 937).
Il doit être sec (dans l’énoncé attesté je pense qu’il doit être sec) n’est pas un acte évaluatif, mais un préjugé.