3. Les désaccords

Nous allons examiner à quels moments de la séquence se situent les désaccords et quels en sont les objets.

3.1. Lieux du désaccord

3.1.1. Les ouvertures

Aux démarrages des séquences, ce sont moins des désaccords qui s’expriment que des mini-négociations (ajustements) permettant de déterminer à qui advient le premier tour de parole. Le locuteur s’auto-censure, préférant laisser la primeur à d’autres.

‘[l’échantillon d’arôme finit de circuler parmi les participants, seul P. n’a pas encore senti]
P. [rire] vous avez l’air circonspects
JP moi j’pense à quelque chose
J. moi tout de suite alors je préfère pas::
JP mais euh
P. oh oui oui oui oui [P. vient de sentir]
JP alors qui commence à parler (Oingt n°25, 11).

[après s’être assurée que tous sont servis en vin, A. le professeur désigne un élève]
A. tout le monde est servi’ est-ce que quelqu’un veut m’en parler d’ce vin j’aimerais bien vous entendre un peu parler, d’ce vin, allez quelqu’un qui déguste bien tiens
E non non [rire]
A. allez
E pourquoi moi
A. parce que, (Vivier 96 n°2, 10).’

L’ouverture de la séquence est toujours un épisode délicat de désignation du locuteur à qui revient la première proposition. Car d’entrée, est mise en jeu la relation interpersonnelle : celui qui s’avance le premier sait que sa propre face est menacée (il prend le risque d’être contesté) et qu’il menace en même temps celle des autres (sa proposition, encore plus si elle est prématurée, risque d’influencer, orienter, conditionner les suivantes).

‘[le vin servi à l’aveugle provient de la cave de JP]
JP moi j’parl’rai après tout l’monde (évidemment) parce que je:
JJ mais tu sais c’que c’est toi
JP non
JJ menteur (JJ & Co n°22, 933).’