Après l’intervention de L1, L2 s’oppose par la négation ou par une contre-proposition et remporte la négociation. Dans les échanges qui suivent entre trois sommeliers, le premier locuteur, 2., échoue sur la proposition qu’elle avance, 1. essaie de la faire argumenter (la justification de 2. se fait à voix plus basse, donc moins audible). C’est 3. qui s’oppose : il intervient en marquant lui aussi son désaccord et “tranche” en changeant de thème.
‘2. c’est un p’tit peu alcooleux aussi [2. penche la tête sur le côté]L1 (2. dans l’extrait ci-dessus) se retire : sa proposition n’a pas convaincu. Elle l’énonce en penchant la tête (posture d’apaisement, de sollicitation ou de soumission 296 ). Puis elle la justifie en prenant un ton bas (le regard est baissé) mais ne défend pas l’information qu’elle apporte après les remarques apportées par 1. et 3.
Ces deux cas de persistance du désaccord - l’un à propos du signifiant (piquant et poivré), l’autre à propos du référent (alcooleux et non alcooleux) - amènent une réflexion : une seule des deux positions que ce soit celle de L1 ou celle de L2 est prise en compte dans la poursuite de l’interaction, plaçant en conséquence l’autre interlocuteur dans l’obligation de concéder, de passer outre à sa proposition., mais en définitive, lequel entre L1 et L2 avait raison ? Et quelles “preuves” chacun aurait-il pu apporter ? On peut voir dans la non-résolution du désaccord et le maintien (implicite) de deux propositions parallèles, l’illustration de la maxime de qualité remise en cause :
‘« Que votre contribution soit véridique :Il s’avère en fait qu’aucune des deux positions de L1 et L2 n’est interprétable comme un jugement faux dans la mesure où chaque fois, les locuteurs précisent qu’ils ne parlent qu’en leur nom seul :
‘j’le sens piquant pas poivré piquantCf. Montagner (1978, 281 et sqq.).