4.2. Le désaccord évité

4.2.1. L’auto-reformulation

Une négociation peut venir en préalable d’un conflit sous-jacent : avant d’exprimer véritablement son désaccord, L2 a la possibilité de demander à L1 de préciser sa proposition. Un deuxième échange suit la proposition, constitué par la question de L2 et la reformulation de L1 :

‘[à propos du nez du vin]
JJ mais il est il est très euh il est très (blanc quand même) fleur blanche hein non’
P non mais y’a aussi un tout petit peu
JP fleur blanche c'est-à-dire
JJ ben c’côté floral de fleur blanche peu peu peu aromatique mais tu sais cette espèce de p’tite euh
JP au nez mais en bouche
JJ non au nez hein(JJ & Co n°22, 1008).’

JP, avant d’exprimer son désaccord sur la proposition fleur blanche, demande à JJ de reformuler ce qu’il entend par ce signifiant puis remarque que tous deux ne parlent pas du même référent (l’un du nez, l’autre de l’aspect en bouche).

Souvent, on a affaire à des échanges enchâssés au cours desquels chacun apporte une précision pour permettre la synthèse finale. Ici, on comprend que le vin dégusté est dissocié si l’on compare les perceptions au nez et en bouche :

‘C. le goût lui alors
P. moi j’trouve i s’est dissocié c’est y’a des éléments mais c’ ça fait pas un-
C. en tout cas
M. oh non moi j-
P. quèqu’chose de fondu
M. ah si moi j’trouve que c’est très fondu euh
C. y’a un contraste assez grand quoi entre euh
M. c’qui est dissocié c’est l’odeur et le: euh et et le goût
C. et la force du goût
M. (oui inspiré) oui
C. la force de: du goût
M. parce que vraiment on n’en a pas la sensation quand on l’respire (comme ça) (S.A.V. n°16, 1247).’

Le désaccord entre P. et M. à propos du terme fondu n’est pas résolu, mais la négociation entre C. et M. participe sans doute en partie à sa résolution.