4.3.2. La réussite totale

La réussite totale est une expression absolue et relève plutôt d’une présomption de l’analyste : c’est sa propre lecture de la transcription, qui le laisse interpréter la suite d’échanges comme une marque d’accord. La négociation est considérée comme réussie lorsque le cours de la séquence est poursuivi « normalement » et qu’on ne perçoit pas de scission entre les locuteurs. Ici, plusieurs signifiants dus à une même sensation sont négociés (picotement, acide, vert…) et c’est le terme vif qui semble mettre tout le monde d’accord :

‘P. on a une sensation de i tient la bouche mais de picotement mais on n’a plus d’parfum
D. oui mais c’est l’acide
P. c’est l’acide on n’a plus d’parfum au bout d’un moment
D. ouais en plus il est pas tout à fait équilibré
P. oui oui oui oui
M. oui d’ailleurs à l’odeur ça ressort beaucoup i paraît très aci- très vert
D. non mais il est vif quoi
M. oui
D. en un mot
P. oui (S.A.V. n°16, 1193).’

Le degré de réussite peut être complet puis rétrograder lorsque L2 se ravise et finit par accepter en partie seulement la proposition de L1. Elle peut aussi, à l’inverse, être d’abord partielle puis devenir totale si L2 intègre entièrement la proposition de L1 à la sienne :

‘[à propos d’un échantillon d’arôme]
M. c’est un mélange quoi
C. oui mais y’a y’a
M. ça fait mélange
C. oui mais c’est un mélange à base de
M. de fleur
C. de fleur euh
M. de fleur y’a d’la fleur
C. y’a d’la fleur (S.A.V. n°14, 625)’

C. utilise deux fois le connecteur oui mais pour se démarquer de M. : ne trouvant pas plus précisément de quoi est fait ce mélange, il se résout à adopter la proposition de M.