2) M Magazine : mai 2001

Ce stage d’observation au sein de la rédaction de M Magazine n’a pas été difficile à obtenir. Si le premier rédacteur en chef n’a jamais voulu nous recevoir, son successeur le fit rapidement après sa prise de fonction.

Nous avons donc intégré cette rédaction, juste après avoir quitté Le Magazine de l’Optimum. Ce fut un changement radical : rédaction loin du centre de Paris, au sein d’un groupe de presse beaucoup plus important ( Max, Vital, Biba...), dans des locaux occupant un étage et une rédaction segmentée en petits bureaux selon les rubriques. Nous fumes installés dans la salle de rédaction, sur un bureau à l’usage des stagiaires, entre la direction artistique et le secrétariat de rédaction. Le stage, sur une durée relativement courte, s’est déroulé dans un contexte particulier puisqu’il s’est achevé avec la disparition du magazine, entraînant un changement dans nos méthodes de travail.

En effet, outre l’observation du travail quotidien de cette rédaction (comme dans toutes les autres), nous savions que le courrier des lecteurs reçu depuis avril 1998, date de sa naissance, était assez conséquent, le rédacteur en chef nous l’ayant montré lors du premier entretien. Nous avons tout d’abord procédé de la même manière qu’au stage précédent, à savoir l’analyse de la collection de M Magazine et le photocopiage de tous les éditoriaux. Tout en participant à l’élaboration du numéro 40, Juillet/Août 2001, nous avons commencé à analyser sur place le courrier des lecteurs. Nous reviendrons sur la méthodologie suivie.

Ce courrier des lecteurs avait été stocké dans le bureau du rédacteur en chef. Ouvert par la secrétaire de la rédaction, il était ensuite empilé et analysé par le rédacteur en chef. Nous avons décidé, après avoir décompté les tas de lettres, de constituer un corpus avec toutes les lettres mises à notre disposition.

Finalement, le corpus de lettres de lecteurs de M Magazine reçues par la rédaction entre sa naissance et sa disparition, soit 3 ans contient 446 lettres. La totalité de ces lettres a été photocopiée suite à l’annonce de l’arrêt immédiat du magazine qui fera l’objet d’une étude dans la dernière partie de cette thèse. Cet arrêt, qui a pris de court tous les membres de la rédaction, a occasionné de nombreuses réunions dans lesquelles les stratégies du groupe ont été évoquées...lesquelles ont été, pour nous, des mines de renseignements. Il fut mis, par exemple, à notre disposition un audit commandé par le groupe sur le positionnement de M Magazine et celui de ses concurrents. Cet audit n’aurait jamais été entre nos mains si le magazine avait continué sa route.

“ Le malheur des uns fait le bonheur des autres ” a t-on coutume de dire et il est vrai que sans que cet arrêt nous ait réjouis, il a apporté à cette thèse un supplément. En plus de l’avoir vécu en direct, il a été un apport non négligeable d’informations et de discours. Mais il fut aussi un moment de déstabilisation sur lequel nous reviendrons.