Quels rôles tiennent les éditoriaux des magazines masculins ? Qu’en ressort-il ? Que donnent-ils à voir aux lecteurs, de leur magazine et de leurs concurrents ? Patrick Charaudeau dans Le discours d’information médiatique rappelle que le rôle de l’éditorial est d’ “ apporter un point de vue susceptible d’éclairer soit les événements jugés les plus importants de l’actualité, soit les événements culturels qui viennent de se produire ” 518 Quels sont événements et thèmes mis en avant par la presse masculine dans ces textes écrits souvent à la dernière minute 519 et qui ont la réputation de ne pas être lus 520 ? Ces textes qui présentent des longueurs et modes de présentation 521 divers, servent parfois à l’énonciation d’un engagement à caractère politique dont la rareté les oppose à ceux de la presse féminine.
Nous avons donc rassemblé les éditoriaux des magazines FHM, M Magazine, Men’s Health et Le Magazine de l’Optimum (nous n’avons pu avoir accès à la collection du titre Maximal) du numéro 1 au numéro de décembre 2001 inclus ( pour M Magazine, le corpus s’arrête avec la disparition du titre). 29 éditoriaux de FHM ont été analysés, 40 de M Magazine (39 éditoriaux publiés + l’éditorial du numéro 0), 25 pour Men’s Health et 47 pour Le magazine de l’Optimum. Chaque éditorial a fait l’objet d’une analyse thématique, via un comptage de la récurrence des noms utilisés, des modes de présentation du titre et des rapports que celui-ci entretient avec ses concurrents. Nous avons aussi interrogé les rédacteurs en chef sur l’écriture de leurs éditoriaux et sur le sens qu’ils y investissent afin d’appréhender les raisons des choix du thème de l’éditorial, choix qui, nous le verrons, n’est pas obligatoirement un choix personnel du rédacteur en chef.
CHARAUDEAU P., Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social. Paris,Nathan-INA, 1997, p .223..
Nous avons vécu l’arrêt du titre M Magazine (nous reviendrons sur les circonstances de cet abandon dans la dernière partie de cette thèse) au sein même de la rédaction, arrêt brutal à la veille du bouclage du numéro 40 de juillet 2001. Le magazine était totalement terminé, la plupart des pages étaient à l’imprimerie, seul l’éditorial n’était pas terminé, le rédacteur en chef était en cours d’écriture.
Nous avons fait l’expérience contraire pendant notre stage au sein de la rédaction du Magazine de l’Optimum. En effet, l’éditorial du n42 d’avril/mai 2001 était consacré à notre travail de recherche, à notre présentation, à nos trouvailles... Le lendemain de la parution en kiosque, des lecteurs intéressés par ce travail ont appelé la rédaction afin de rentrer en contact avec nous. Ils avaient donc lu l’éditorial.
Ceux de FHM sont juste accompagnés de la photographie du rédacteur en chef et sont sans titre, comme pour M Magazine mais, qui lui, titre ses éditoriaux. En revanche, ceux de Men’s Health possèdent un titre et une photographie de paysage, de scènes de cinéma... qui illustre le thème de l’éditorial. Le dernier rédacteur en chef de Men’s Health est revenu à la simplicité en illustrant l’éditorial de sa photographie. Les éditoriaux du Magazine de L’Optimum, en plus de présenter un espace plus large, font l’objet d’illustrations diverses : des photos viennent illustrer le texte, le texte est écrit sous la forme d’un calligramme, le texte n’est que juxtapositions de citations, juxtapositions de noms propres ( pour évoquer New-York), abécédaire...