a) L’écriture du rédacteur en chef, homme de surcroît.

Si la plupart des éditoriaux des magazines masculins sont aujourd’hui signés par le rédacteur en chef, ce ne fut pas toujours le cas à leurs débuts, en effet, les modes d’écriture des éditoriaux évoluent, au fil des changements de rédacteurs en chef notamment :

  Qui écrit et sous quel titre ?
FHM Nous collectif (éditoriaux de présentation du contenu)
puis Je avec le changement de rédacteur en chef et adoption d'anecdotes
personnelles pour illustrer le dossier principal 522 .
éditoriaux signés du nom et titre du rédacteur en chef
M Magazine Je et Nous dans les premiers éditoriaux, avec anecdotes personnelles
puis Nous et On avec le changement de rédacteur en chef
éditoriaux signés du nom et titre du rédacteur en chef
Men's Health On dans les premiers éditoriaux signés "l'équipe de Men's Health"
puis Nous et On
éditoriaux signés du nom et titre du rédacteur en chef
L'Optimum au début, une co-direction en chef
puis le rédacteur en chef signe de son nom propre 523
éditoriaux rédigés avec Nous et On, une seule fois apparaît Je
un éditorial écrit par le PDG du groupe, en son titre 524

Si les éditoriaux de FHM et M Magazine ont toujours porté le nom du rédacteur en chef, ceux de Men’s Health étaient rédigés au nom de la rédaction et signés “ L’équipe de Men’s Health . Ils sont donc écrits en son nom propre, mais aussi en tant que le représentant de la rédaction et membre de celle-ci. C’est pourquoi les éditoriaux de la presse masculine sont écrits à la première personne du singulier, le Je représentant le rédacteur en chef qui, outre dans les anecdotes personnelles, l’utilise pour donner ses propres sentiments sur le magazine : “ les femmes, j’en suis sûr, auront du plaisir à venir s’y perdre  525 et remercier, publiquement, et en son nom les différents intervenants mais aussi les lecteurs pour les ventes du magazine supérieures à ses attentes. C’est donc principalement en tant que rédacteur en chef, notamment en énonçant leurs souhaits, leurs désirs et espoirs, qu’ils écrivent :“ J’espère que notre enquête contribuera à la (la mentalité) faire évoluer(...). J’espère enfin que cette enquête contribuera à initier une réflexion plus poussée sur la santé des hommes...  526 , en utilisant principalement la première personne du pluriel, le Nous s’englobant ainsi dans sa rédaction et se faisant alors le porte-parole d’une parole commune, c’est pourquoi les éditoriaux de Men’s Health ont été signés “ l’équipe de Men’s Health ”. Ce Nous collectif renvoie aussi au sexe masculin des rédacteurs en chef qui s’englobent ainsi dans la catégorie sexuelle à laquelle ils s’adressent : les hommes, d’autant que nous verrons que les éditoriaux de Men’s Health sont ceux qui abordent le plus les questions liées à la masculinité et au magazine lui-même. C’est pourquoi le rédacteur en chef s’exprime en tant qu’homme et en tant que rédacteur en chef de ce magazine et peu en son nom propre : sur 25 éditoriaux analysés, seuls 3 comprennent la marque de la première personne du singulier.

Les rédacteurs en chef de la presse masculine prennent donc la parole en leur statut de rédacteur en chef, mais aussi en tant qu’homme concerné par la masculinité, par la place des hommes dans la société. A qui adressent-ils ces éditoriaux ? Que laissent entrevoir les relations de la relation existant entre la rédaction et les lecteurs ?

Notes
522.

Dans les 13 premiers numéros, les éditoriaux servaient d’annonce du contenu, à justifier les choix de sujets, de dossiers évoquant la masculinité... alors que le nouveau rédacteur en chef a fait un choix différent : “ Bruno ( l’ancien rédacteur en chef) avait besoin, parce qu’il est comme ça et parce qu’on commençait et qu’on avait besoin de se justifier, de justifier  le nouvel homme ”, du fait que l’on s’adresse au nouvel homme, dire qui il était et qu’il existait et pourquoi on faisait un magazine pour lui. Ensuite il y a l’éditorial qui est traditionnel, qui a pour but de dire ce qu’il va y avoir dans le magazine qui est en fait un sommaire un peu rédigé, je trouve que c’est pas vraiment terrible et puis il y a l’éditorial que faisait le précédent rédacteur en chef en Angleterre qui généralement partait d’une anecdote et qui reliait à un sujet dans le magazine. Je trouve que c’est plus drôle en fait ” Propos tenus par le rédacteur en chef de FHM lors de l’entretien du 18 janvier 2002.

523.

Les éditoriaux du Magazine de l’Optimum ne sont signés par l’actuel rédacteur en chef qu’à partir du numéro 28 de septembre 1999, date à laquelle la co-rédaction en chef qui régnait depuis le début de l’aventure de l’Optimum se transforme en une simple rédaction en chef. C’est d’ailleurs le rédacteur en chef sortant (Christian Moguérou en partance pour la rédaction en chef de Men’s Health) qui signe seul l’éditorial n 24 de février 1999 pour annoncer sa sortie.

524.

En effet, l’éditorial du n 16 de février 1998 est écrit par Laurent Jalou, PDG des Editions Jalou, propriétaire du magazine, pour informer les lecteurs du changement de titre du magazine : celui qui, jusqu’alors était L’Officiel Homme devient Le Magazine de l’Optimum.

525.

Editorial de M Magazine n1 d’avril 1998.

526.

Editorial de M Magazine n15 de juin 1999.