-L’importance du courrier reçu.

Le nombre de lettres reçues est un argument supplémentaire d’un nombre important de lecteurs : pour Men’s Health, “  on aurait pu vous entretenir des heures sur ces lettres, fax, questionnaires qui nous sont revenus avec cet enthousiasme majuscule ” ⁵⁹¹ , et multiplie les allusions à leur nombre élevé ⁵⁹²  : “ en fait, on voulait surtout vous dire merci d’avoir su démentir les pessimistes éternels et d’avoir compris Men’s Health, merci de votre immense courrier, de vos questions, de vos critiques, de vos coups de gueule, de tout ce qui fait qu’une équipe conserve l’envie de vous en donner plus ” ⁵⁹³ , notre étude dans la rédaction confirme l’augmentation du courrier à cette époque-là de l’histoire du magazine. M Magazine fait de même : “ l’abondant courrier que vous nous avez envoyé ” ⁵⁹⁴ , “ cette tirade célèbre d’un film de Woody Allen est régulièrement contredite par l’abondant courrier que nous recevons chaque mois ” ⁵⁹⁵ mais nous restons sceptiques face à cette déferlante de courrier, de laquelle nous n’avons pas été les témoins ⁵⁹⁶ . L’importance de ce courrier est présentée comme une confirmation des choix des dossiers et du bien-fondé de la formule : “ “ un tiers de vos questions porte sur ce sujet brûlant (le sexe). Notre dossier du mois se devait de prendre le problème par un bout ” ⁵⁹⁷ , d’autant plus que selon M Magazine une partie importante de ce courrier est envoyée par des lectrices ⁵⁹⁸  : “  l’abondant courrier qu’elles (les femmes) nous ont envoyé en guise de remerciement en est la meilleure preuve ” ⁵⁹⁹ . Outre le courrier, c’est dans les adhésions au Club Men’s Health que le magazine compte son succès.

Le mot “ succès ” est d’ailleurs récurrent dans les éditoriaux de Men’s Health et s’accompagne d’une “ incroyable euphorie ” ⁶⁰⁰ qui trouverait son origine dans le respect des promesses tenues par le magazine : “ si Men’s Health a séduit autant de lecteurs à travers le monde, c’est parce que, justement, c’est un magazine qui tient vraiment ses promesses ”. Ce succès est un argument envoyé en réponse aux détracteurs : “ en France, on nous avait promis l’enfer, arguant que les hommes, ici, n’étaient pas prêts. Pas prêts pour améliorer leur santé, leur vie sexuelle ; pas prêts pour réduire leur stress, pour mieux se nourrir... Bref, à écouter les sceptiques et les frileux, l’homme français n’avait pas droit au bonheur (...) Quelques mois plus tard, l’enfer promis ressemble davantage au paradis et vous avez été les premiers à nous le faire comprendre ” ⁶⁰¹ , “ on voulait surtout vous dire merci d’avoir su démentir les éternels pessimistes ” ⁶⁰² et enfin“ il y a 2 ans, un magazine pour hommes débarquait en kiosque avec en gros sur la couverture : “ perdez du bide! ” Combien étaient-ils alors ceux qui nous disaient : “ mais vous êtes fous! Pour séduire les hommes, il faut parler de femmes, de voiture, de foot... ” Et bien non, pas forcément. Comme par miracle, les lecteurs enjoués furent plus nombreux que l’assemblée des pessimistes et, comme toujours, c’est l’imagination et la conviction qui l’ont emporté. Aujourd’hui, nos remerciements s’adressent à vous, lecteurs, qui êtes en définitive porteurs d’une nouvelle façon d’entrevoir l’homme ” ⁶⁰³ . Qui sont ses“ frileux et pessimistes ” pour Men’s Health ? Il semblerait que les chercheurs, les publicitaires... rencontrés, questionnés sur le bien-fondé du concept de la nouvelle presse masculine aient douté (face à la difficulté de la presse masculine traditionnelle, aux idées reçues sur le rapport des hommes avec leur corps, à l’assimilation de la beauté et de la mode à la féminité...) de l’avenir commercial de cette nouvelle entreprise. Pour Men’s Health, seuls les lecteurs et l’intérêt qu’ils portent au magazine peuvent au travers de leurs discours et de leurs expériences expliquer le succès de la presse masculine : “ mais peut-être que c’est à vous qu’on devrait poser la question ? ” ⁶⁰⁴ et il propose de“ laisser (les chercheurs) chercher et de continuer un bout de chemin avec nous ” ⁶⁰⁵ .

Ecrits pour remercier les lecteurs de leur attachement et de leur fidélité : “ si vous êtes encore là, c’est sans doute parce que vous avez vraiment compris qu’il s’agissait de vous dans ce magazine, de vous et de personne d’autre ” ⁶⁰⁶ , les éditoriaux de Men’s Health qualifie le succès d’“ adoubement ” ⁶⁰⁷ de la part des lecteurs en leur promettant que : “ tant qu’il y aura des hommes, il y aura Men’s Health ” ⁶⁰⁸ , “ 2 ans, c’est le début d’une très belle histoire. Une histoire sans fin ” ⁶⁰⁹ .

Forts de chiffres de ventes qu’ils énoncent tant que le marché leur est favorable, les magazines utilisent les éditoriaux comme des vitrines dans lesquelles ils ne communiquent que sur les bons moments de leur histoire ; en perdant une place dominante, ils cessent de communiquer les mauvais chiffres ou réécrivent l’histoire de la nouvelle presse masculine en leur faveur. Outre les chiffres de ventes, d’abondance de courrier, ils insistent sur la qualité des informations et dossiers donnés pour justifier de leur bien-fondé et se démarquer des méthodes des concurrents, jugées non scientifiques et non sérieuses.