B) Quand la presse masculine oscille entre androcentrisme et gynécentrisme.

Nous avons montré que la nouvelle presse masculine utilise certains des ingrédients des formules traditionnelles mais impose aussi des formules novatrices, en particulier pour M Magazine et Men’s Health, en s’intéressant au corps, à la forme et à la beauté masculine. Dans ses formules diversifiées, la presse masculine s’adresse aux hommes de deux manières : soit en tant qu’acteurs et personnages principaux dans le magazine, ce qui est le cas pour les magazines spécialisés dans la santé-forme au masculin et pour le magazine traditionnel spécialisé dans la mode le Magazine de l’Optimum, soit en tant que simple lecteur d’articles consacrés aux femmes. Ainsi, FHM fait des femmes et plus particulièrement des jeunes starlettes étrangères les actrices de ses numéros et offre ainsi à voir à ses lecteurs des pages gynécentrées. Dans ces deux manières de s’adresser aux hommes, les magazines masculins utilisent et véhiculent des images de l’homme et de la femme qui divergent entre éloge de l’homme hédoniste et vision rétrograde et machiste, parfois même emprunte de misogynie, de la femme. Il semblerait donc que la nouvelle presse masculine véhicule, en même temps que des formules de presse masculine traditionnelle, une image de la femme au service des hommes, une image érotisée de la gent féminine… et offre à voir aux hommes une représentation féminine conservatrice.

Dans la première partie de cette thèse, nous avons abordé le positionnement des différents magazines, notamment dans leur choix du personnage de couverture, lequel choix intervient dans le cadre d’un positionnement sexué des magazines. C’est ainsi que nous avons vu que les magazines tels que Le Magazine de l’Optimum, M Magazine et Men’s Health n’offraient leurs couvertures qu’à des hommes, alors que des magazines tels que FHM, Max et Maximal les consacrent à de jeunes créatures féminines dévêtues. Il existe ainsi deux manières, à travers la presse masculine, de s’adresser aux hommes : leur parler d’eux-mêmes et leur parler des femmes. Nous avons comptabilisé, pour chacun des numéros effectués pendant nos stages, la répartition des illustrations sexuées ⁷³⁵ en fonction du personnage figurant sur ces photographies : femme, homme et couple.

Il apparaît donc que parmi les magazines masculins étudiés, Le Magazine de l’Optimum porte le moins de photographies, parmi la totalité de ses illustrations, sexuées, même si ce sont majoritairement des hommes qui apparaissent dans ses pages (les femmes et les couples sont peu présents) et montre plutôt au travers de ces images, les voyages, vêtements et objets proposés. En revanche, dans FHM qui utilise en partie l’héritage de la presse de charme, les femmes sont majoritaires dans les illustrations. Quant aux magazines masculins fondés sur la santé, la forme et la beauté au masculin, ce sont les hommes qui sont représentés dans les illustrations, mais de manière diverse entre M Magazine qui consacre certaines de ses pages à la psychologie féminine alors que Men’s Health se veut un magazine sur les hommes en majorité (les images de femmes sont assez rares). Ces différents magazines donnent-ils à voir des images novatrices ou conservatrices des hommes comme des femmes ou proposent-ils plutôt une image valorisante de l’homme auquel ils s’adressent et une image dévalorisée de la femme?