Le « monsieur-courrier» de M Magazine .

Nous avons vu comment M Magazine, avant de subir une diminution de son personnel, était une des rédactions les plus fournies en personnel. Ainsi, pour s’occuper du courrier des lecteurs s’amoncelant, un des journalistes du magazine, en l’occurrence le chef de la rubrique santé-forme ( le plus concerné par les demandes et thèmes des lettres) fut désigné afin de gérer ce courrier. Outre son travail de journaliste, il avait donc la charge des lettres, de leur ouverture, de leur lecture, de leur analyse, d’adresser des réponses, de les archiver… Le travail le plus important étant de choisir parmi les lettres acheminées, celles qui feront l’objet d’une publication dans la rubrique Vos lettres : nos réponses. En effet, le journaliste devait choisir les lettres qui, évoquant un sujet qui n’avait pas été fréquemment traité, qui n’avait jamais été encore abordé ou un sujet rare sur lequel informer les lecteurs… Une fois ces lettres choisies, en consultation avec le rédacteur en chef, elles étaient envoyées à un spécialiste du sujet abordé ; la rédaction de M Magazine s’est adjointe la collaboration ( comme les autres rédactions) de spécialistes, baptisés «experts» tels qu’un juriste, une sexologue-andrologue, une diététicienne, une pédiatre, un médecin du sport… Ces derniers renvoyaient leur diagnostic et les solutions préconisées au magazine qui publiait alors la réponse du médecin se voulant à la fois scientifique et vulgarisée afin d’être compréhensible par les lecteurs. Cette gestion au jour le jour du courrier par ce journaliste à laquelle il consacrait une partie de son temps a été remise en question avec la compression en personnel suite au changement de groupe. Certains postes ont disparu, le nombre de pigistes a diminué, les journalistes et chefs d’enquête ont vu leur masse de travail augmenter, ne pouvant plus ainsi consacrer autant de temps à d’autres tâches qu’à celle à laquelle ils sont en priorité dévolus. C’est pourquoi la gestion du courrier, jusqu’alors rigoureuse, s’est relâchée.

Ainsi, à notre arrivée en mai 2001 dans la rédaction, le courrier arrivant chaque jour était ouvert par l’assistante de rédaction, daté puis empilé dans le bureau du rédacteur en chef qui, prenait une heure chaque mois pour sélectionner les quelques lettres en instance d’être publiées. Entre début et fin mai, les lettres ont transité par notre bureau afin d’être photocopiées, nous les avons remises dans le flot des lettres déjà reçues. A notre connaissance, et selon les dires du rédacteur en chef, depuis plusieurs mois, faute de temps, les lettres ne faisaient plus l’objet d’aucune réponse, alors que ceci était le cas au moment de la gestion par le journaliste.

C’est donc un courrier amassé, sans attention particulière de la rédaction, que nous avons rencontré chez M Magazine ; il fut un des secteurs les plus touchés par la réorganisation de la rédaction mais aussi pour la désaffection des lecteurs pour le magazine qui, en écrivant de moins en moins, ont provoqué un laisser aller de la rédaction, à l’intérêt porté de ce courrier s’étiolant au fil des semaines. Si chez M Magazine, la réorganisation en personnel de la rédaction a engendré la désorganisation du traitement du courrier, chez Men’s Health, le courrier a subi une même désorganisation sans que cette dernière ne soit liée à un changement des membres de la rédaction.