b) Un courrier diminuant au fil des mois…

En effet, les corpus 831 que nous avons formés à partir du courrier reçu dans les rédactions de M Magazine et Men’s Health montrent une évolution quasi-identique du nombre de lettres reçues, au fil du temps.

  M Magazine Men's Health
1998 120 /
1999 228 197
2000 78 209
2001 20 9
total 446 417

Les deux corpus de la presse spécialisée laissent donc apparaître des régularités dans la répartition du courrier envoyé au fil du temps. Ainsi, les mois qui suivent l’apparition sur le marché du titre ( mars 98 pour M Magazine et avril 99 pour Men’s Health) voient arriver de nombreuses lettres mais qui ne représentent ni le flot annoncé, ni le maximum des lettres reçues. Les premiers mois étant des mois de découverte, les lecteurs n’écrivent pas forcément de suite 833 , mais attendent les numéros suivants afin d’y trouver, peut-être, la solution à la question qu’ils aimeraient poser. Ce ne sont donc pas, pour la nouvelle presse masculine spécialisée dans la santé-forme, les premiers mois suivant la première parution qui sont les plus pourvoyeurs de courrier.

C’est au cours de la première année civile complète, qui suit l’année d’apparition que le courrier devient le plus important dans les rédactions : 228 lettres pour M Magazine et 209 pour Men’s Health. Les lecteurs ont alors eu le temps de se familiariser aux deux magazines, d’acheter plusieurs numéros et ainsi souhaiter y proposer des articles et thèmes non encore abordés, de demander des changements de rubriques et critiquer certains positionnements.

Une fois la première année passée, le nombre de lettres reçu a diminué dans les rédactions : les lettres reçues les 6 premiers mois de 2000 par M Magazine sont au nombre de 78 (soit bien moins sur l’année complète que l’année 1999) et celles mises à notre disposition par Men’s Health concernant l’année 2001 sont au nombre de 9. Il y a donc eu, au fil des années, une chute du nombre de lettres envoyées aux rédactions de presse masculine ( le traitement de nombreux sujets mais le début de la désaffection des lecteurs pour la presse spécialisée sont certainement à l’origine de cette baisse de courrier).

Il apparaît que le nombre de lettres reçues par les rédactions évolue avec la position du magazine sur le marché de la presse masculine. Ainsi, quand Men’s Health apparaît, M Magazine voit son courrier fortement diminuer et celui de Men’s Health devient important ; en effet avec l’arrivée du magazine du groupe Rodale sur le sol français, les ventes et donc le nombre de lecteurs de M Magazine ont commencé à chuter. Cette baisse importante qui va rapidement toucher les deux rédactions, est liée au désintérêt évoqué dans les lettres des lecteurs pour la récurrence des sujets et l’inadaptation des certains dossiers à la culture française et au lectorat différent de la cible visée.

C’est à ce nombre de lettres reçues que les rédactions jugent de leur notoriété, de leur importance ou non sur le marché, de l’intérêt porté par les lecteurs… Ce courrier, en se faisant moins important, est le signe de la faiblesse de la presse masculine spécialisée, deux années après sa naissance et qui ne fera, nous le verrons dans la dernière partie, que s’aggraver. Si la presse généraliste à tendance de charme voit, en revanche, son courrier se développer et devenir colossal, ce n’est pas à son courrier à connotation sexuel qu’elle le doit, mais plutôt à une rubrique pour laquelle les lecteurs écrivent certains jours par dizaine, et ce depuis plus d’une année. C’est donc en instaurant une nouvelle rubrique interactive que le magazine FHM a relancé un courrier lui-aussi, comme chez les autres magazines masculins, en perte de vitesse.

Notes
831.

La formation de ces corpus est abordée dans la partie méthodologique.

833.

Certaines lettres sont arrivées dans les rédactions le lendemain de la sortie du premier numéro dans les kiosques.