C°) La rédaction du courrier : un indice sur le niveau de langage des épistoliers de la nouvelle presse masculine française et l’importance accordée à la réponse.

Dès la formation de nos 4 corpus, sont rapidement apparues les difficultés rencontrées dans de nombreuses lettres quant à la grammaire et à l’orthographe. Rendant la lecture et la compréhension dans certains cas impossibles, entraînant ainsi l’élimination de ces lettres de nos corpus, les fautes de langage sont présentes dans une grande partie des lettres, dans lesquelles les lecteurs utilisent régulièrement un niveau de langue avec lequel ils ne sont pas familiarisés, rendant ainsi l’écriture maladroite. Outre les difficultés d’écriture 839 , les lecteurs utilisent, pour s’adresser aux magazines, la communication épistolaire qui, forte d’une tradition historique, possède des codes qu’ils ne maîtrisent pas et dont seul, le recours de plus en plus fréquent au fil de l’avancée temporelle des corpus, aux modes de communication technologique via Internet, permet de les en dispenser, leur permettant ainsi la création des codes personnels qui, dans les lettres, dénotent du rapport que les épistoliers entretiennent avec le support auquel ils s’adressent.

Si le respect de la confidentialité de ce courrier fut la seule demande des rédactions à notre égard, c’est par respect des demandes effectuées au préalable par les lecteurs dans leurs missives. En effet, les lecteurs accompagnent leurs questions d’indications sur le mode de réponse souhaitée, joignant à leur texte une adresse dans la plupart des cas, des enveloppes pour la réponse, mais aussi des demandes plus précises telles que la publication sous un autre prénom… augurant ainsi, de l’intensité de la charge émotionnelle investie dans le problème, du degré de confiance porté au magazine et de la persistance, dans certaines lettres, du caractère tabou de cette question.

Quelles sont les formes de courrier les plus souvent utilisées par les lecteurs pour s’adresser aux magazines ? L’épistolier-type de chaque magazine correspond-il au lecteur-type ? Comment l’absence de connaissance des codes épistolaires se répercute-t-elle sur la présentation des lettres qui oscillent entre quelques lignes et plusieurs pages ? C’est donc sur le mode d’écriture, de présentation du courrier et sur l’importance accordée par les lecteurs à la réponse à leurs lettres que nous allons consacrer notre première phase d’analyse des différents supports envoyés aux rédactions.

Notes
839.

Seraient-ce les lecteurs les moins «cultivés» qui écrivent le plus ? Les lettres portant rarement d’indications sur le niveau d’étude des épistoliers, il est très difficile de savoir quelle tranche des lecteurs écrit.