- Pour chaque magazine, un épistolier-type.

Nous avons extrait des 1742 lettres dépouillées les âges des épistoliers, quand ces derniers en faisant part au magazine.

  M Magazine Men's Health FHM -Sexo FHM -lune
épistolier 419 400 381 413
épistolière 27 15 36 51
"-" 20 ans 25 (18.5%) 26 (25.2%) 77 (57.8%) 72 (47.6%)
20-30 ans 61 (45.1%) 46 (44.6%) 45 (33.8%) 73 (48.34%)
30-40 ans 25 (18.5%) 17 (16.5%) 9 (6.7%) 5 (3.31%)
40-50 ans 18 (13.3%) 9 (8.7%) 1 (0.7%) 1 (0.6%)
50-60 ans 3 (2.2%) 4 (3.88%) 1 (0.7%)  
"+" 60 ans 3 (2.2%) 1 (0.9%)    
Paris 45 35 17 42
Province 282 200 108 309

Il apparaît ainsi que les magazines spécialisés reçoivent principalement des lettres de lecteurs ayant entre 20 et 30 ans, ce qui correspond en effet à la tranche d’âge donnée par les enquêtes de lectorat ; les âges donnés dans les lettres confirment aussi le fait que les lecteurs de Men’s Health soient plus jeunes que ceux de M Magazine, lequel recrute ses lecteurs aussi dans la tranche 30-40 ans, confirmant ainsi l’idée d’un lectorat étendu, comme le supposait le rédacteur en chef. En revanche, le courrier reçu par FHM laisse apercevoir une jeunesse du lectorat, notamment pour le corpus FHM-sexo ; en effet, nous verrons que les lettres relatives aux questions sexuelles envoyées au magazine relèvent de l’éducation sexuelle et sentimentale, sont plus élémentaires que celles posées à M Magazine et Men’s Health qui, au contraire, sont des questions précises, empruntes d’expériences pour beaucoup d’entre elles ( les lecteurs y cherchent une confirmation de diagnostic quand ceux de FHM cherchent à savoir comment réagir devant une situation particulière). Ainsi plus de la moitié ( 57.8%) des lecteurs ayant donné leur âge dans les lettres FHM-sexo ont moins de 20 ans, cette proportion diminuant au fil de l’âge. Quant aux épistoliers de «la lune», ils ont moins de 30 ans à 96 %, dont 47.6 % ont moins de 20 ans et 48.3% ont entre 20 et 30 ans. C’est donc un lectorat jeune qui s’adresse au magazine afin de recevoir des cadeaux : nous verrons qu’en effet, dans les thèmes des demandes, beaucoup de cadeaux sont liés à des séries pour jeunes, à des films s’adressant à des publics d’adolescents et post-adolescents, au monde sportif ( de nombreux jeunes ont demandé des maillots de l’équipe de France de football)… Là encore, notre corpus contient très peu de lettres envoyées par des trentenaires et plus.

Le courrier apporte donc une confirmation pratique aux enquêtes de lectorat et fait apparaître quatre épistoliers-types, en accord avec chaque lecteur-type, et correspondant aux quatre corpus : l’épistolier de M Magazine est le plus âgé des épistoliers et s’adresse au magazine dans un français relatif, alors que celui de Men’s Health a lui aussi moins de 30 ans ( avec une part plus importante de moins de 20 ans) mais s’adresse au magazine dans un français plus érudit, dans lequel il multiplie les termes scientifiques ; FHM possède un épistolier-type jeune, parfois très jeune confirmant ainsi l’image du magazine comme magazine d’ado et post adolescent, qui, confronté à ses premières expériences fait appel au magazine pour recevoir des conseils ( pour les plus jeunes).

Si les lettres de Men’s Health sont, comme nous l’avons montré, celles qui apparaissent comme les mieux écrites, et celles de M Magazine les moins bien écrites et les plus mal rédigées, ce sont dans les origines sociales et dans le niveau d’études des lecteurs-types et donc des épistoliers-types de ces magazines que se situe l’origine des difficultés ou au contraire des facilités à rédiger des lettres. A ces deux facteurs, vient s’ajouter, notamment dans les corpus FHM, le facteur jeunesse qui accentue l’utilisation de nouvelles formes de langages ( l’anglais associé au langage des textos), offrant ainsi à voir au magazine de nouvelles manières de communiquer, utilisant des supports médiatiques divers auxquels les codes d’écriture attachés divergent et s’éloignent des codes épistolaires classiques. Le courrier reçu par les rédactions montre un abandon, chez les jeunes particulièrement, et notamment chez les utilisateurs d’Internet, des formules d’en-tête, des formules de politesse… et de la présentation classique d’une lettre destinée à être envoyée.