- Une préférence pour la réponse personnelle.

Les épistoliers demandent peu que les magazines publient leurs lettres sous le sceau de l’anonymat ; en effet, les lecteurs réclament peu la publication de leur lettre : ainsi le corpus FHM-lune contient 3 demandes de publications énoncées qui servent de preuve auprès des amis, mais aussi pour connaître l’effet de la médiatisation (un lecteur demande à être publié même si la rédaction n’a pu trouver son cadeau) mais rares sont les demandes expresses d’une publication. Les épistoliers énoncent plutôt leur volonté de ne pas apparaître dans le magazine afin de ne pas être reconnu, demandent au cas où la publication ne pourrait être évitée, à ce que le magazine change les prénoms, utilisent des pseudos ; les lecteurs n’hésitant pas à fournir eux-mêmes les prénoms et ville de remplacement sous lesquels ils se retrouveront : un lecteur de Men’s Health a ainsi demandé à la rédaction d’utiliser la ville la plus proche pour le désigner.

Soucieux de recevoir une réponse à leur courrier, que cette réponse soit positive ou négative (la réponse positive est recherchée mais en cas de réponse négative, les épistoliers veulent avoir une trace de la recherche du magazine ou du moins de la lecture de leur lettre), les lecteurs multiplient les indications sur la manière à utiliser pour les joindre : téléphone (assez répandu chez les jeunes de «la lune»), courrier (ils envoient les enveloppes pour le retour), mails ou via le magazine et donnent en plus des indications sur les heures, lieux «je serai chez mon copain»pour les joindre, sur ce que la rédaction doit écrire sur les enveloppes «ne mettez pas l’adresse de FHM», «je veux une réponse à mon nom» Ils multiplient parfois toutes les manières possibles de les joindre : téléphone fixe+portable+mail+adresse postale, augurant ainsi de l’importance accordée à la demande.

Les lecteurs recherchent donc avant tout une réponse qui, si elle fait l’objet d’une publication, est pour beaucoup «la cerise sur le gâteau» ; le cadeau ou la réponse à un problème étant plus recherché que leur apparition dans le magazine. C’est donc au magazine en tant que possesseur d’informations et objets rares, et non en tant que moyen de leur propre médiatisation que les épistoliers s’adressent et indiquent, via les post-scriptum le moyen de les joindre. Certes, certains lecteurs semblent venir y chercher le moyen d’apparaître dans les pages et deviennent moins aguerris au moment d’être publié. Pour exemple, de nombreuses demandes de «la lune» faisaient part de la volonté de lecteurs de rencontrer Clara Morgane, starlette du X français. La rédaction organise cette rencontre à Paris, or, au fil des jours, les lecteurs se sont tous, les uns après les autres, décommandés car leur mère, petite amie… n’étaient pas au courant, que «tout le lycée allait le savoir»… C’est donc là encore le regard d’autrui sur les questions posées qui impose aux épistoliers la demande d’une réponse personnelle plutôt qu’une publication.

Outre la réponse à tout prix, les épistoliers réclament une réponse rapide, leur apportant ainsi la certitude de la lecture de leur courrier par les rédactions, mais aussi dans l’espoir de voir leurs problèmes atténués rapidement par les conseils que donneront les rédactions.