e) Des magazines divertissants.

Si les magazines de presse masculine spécialisés sont avant tout pratiques et informatifs, le magazine à tendance charme et humour qu’est FHM se situe du côté du divertissement et de la lecture de plaisir. Bien que les magazines spécialisés soient eux-aussi des magazines de loisirs, ils possèdent un côté pratique que ne possède pas FHM qui, avec son lot de blagues, d’informations décalées, de jeunes femmes dénudées… se révèle être une lecture moins informative 885 que divertissante.

En instaurant la rubrique «la lune», la rédaction a voulu faire plaisir aux lecteurs en leur offrant le cadeau de leurs rêves. C’est d’ailleurs la raison première de l’écriture des lettres à cette rubrique, même si le cadeau comme mode de distinction est ensuite devenu une des raisons de l’écriture. En écrivant les lettres, les épistoliers multiplient les remerciements, félicitations et notent le plaisir ressenti à la lecture, la légèreté du moment de lecture de certaines rubriques comme Le Journal du Pire, les blagues, les réponses effectuées par la rédaction au courrier attaquant le magazine…

En «bricolant» pour reprendre le terme de M de Certeau, les contenus, en conservant certaines données, rejetant d’autres, s’arrêtant sur certains articles, en délaissant d’autres, les lecteurs et les épistoliers trouvent dans les magazines masculins deux des formes de lecture décrites par Mauger et Poliak dans les usages sociaux de la lecture 886 . En effet, la lecture de la nouvelle presse masculine se veut une lecture de divertissement mais aussi une lecture didactique dans laquelle les lecteurs puisent des informations qui viendront améliorer leur quotidien.

La nouvelle presse masculine française présente donc aux lecteurs une gamme variée

de formules offrant ainsi aux lecteurs diverses formes de lecture oscillant entre le divertissement et l’informatif, dans lesquelles les lecteurs peuvent associer le plaisir de la lecture à l’apprentissage de l’amélioration de leur vie privée. En permettant aux lecteurs de leur écrire, les rédactions ouvrent un espace de parole qui voit défiler les lettres les plus légères et gaies de remerciements et félicitations, les plus virulentes de critiques mais surtout une parole enfouie qui confère aux magazines un statut de confident, de conseiller, de sauveur parfois, les épistoliers leur accordant un poids important dans la vie intime. En évoquant leurs problèmes jusqu’alors non énoncés et non résolus, les épistoliers montrent d’une part l’attachement et la confiance qu’ils portent aux magazines et d’autre part, l’importance des attentes qu’ils en ont. A la recherche d’une aide qu’ils ne peuvent trouver ailleurs, particulièrement dans leur entourage et dans le milieu médical traditionnel, les épistoliers donnent à voir une masculinité en quête d’amélioration, en construction et à laquelle seule la nouvelle presse masculine semble, à travers la lecture des lettres, pouvoir participer.

Notes
885.

L’information n’est pas absente de FHM, elle n’a rien en commun avec les dossiers de vulgarisation scientifique des magazines spécialisés. Elle repose sur des interviews, des dossiers thématiques illustrés par des faits d’actualité, et sur l’actualité cinématographique, littéraire, musicale…

886.

MAUGER G et POLIAK C., «Les usages sociaux de la lecture», Actes de la recherche en sciences sociales n°123, juin 1998, pp. 3-24.