PLAN DE LA REDACTION DE M MAGAZINE (6e étage)

Ce qui distingue cette rédaction de toutes les autres, en plus de sa taille qui rivalise avec celle de FHM, Men’s Health en moindre mesure mais s’oppose à celle de L’Optimum, c’est la disposition des lieux et notamment une séparation des diverses rubriques et thématiques en des endroits fermés, autour d’un long couloir de distribution qui donne à cette rédaction plus une allure d’appartement que de loft auquel pourrait être comparée la rédaction de FHM par exemple.

Le premier contact avec la rédaction se fait dans la salle de rédaction qui, contrairement à L’Optimum est vaste et comprend 7 tables de travail. Cette salle, qui est entièrement consacrée à la partie technique du magazine, à sa mise en page, aux corrections et à l’intendance (via le secrétariat de la rédaction) est donc le lieu le plus vivant, notamment au moment du bouclage mais aussi par ce qu’il est l’endroit de communication de la rédaction avec l’extérieur : le fax est installé à l’entrée de cette salle, de même que l’imprimante couleur. Quand chez L’Optimum, la rédactrice en chef adjointe prend place dans la salle de rédaction, chez M Magazine, aucun texte n’y est rédigé, ces derniers (quand ils sont rédigés par des journalistes maison) le sont dans leurs bureaux respectifs. Seuls les acteurs de la finition du magazine trouvent place dans ce lieu et ce, en deux temps : la première partie de cette salle de rédaction lorsque l’on y pénètre, est consacrée plutôt aux textes, à leur réécriture si nécessaire, à leur correction… par l’intermédiaire des secrétaires de rédaction alors que la seconde moitié est plus technique avec pour les maquettistes et le directeur artistique, la charge de mettre en forme les textes, d’insérer les photographies, de préparer la couverture… C’est donc plus un travail technique qui règne dans cette salle dans laquelle nous avons été installés un mois durant à observer plus ce travail de finition du magazine que le travail d’écriture qui se fait dans les bureaux des rubriques, pour une partie d’entre eux. Cette salle de rédaction, dans laquelle au début du stage, nous n’y avons rencontré que les membres de la rédaction, est devenue, avec l’annonce de la disparition du magazine, l’endroit de référence, de réunions (elles étaient jusqu’alors tenues dans le bureau du rédacteur en chef). Avec l’épreuve, cette salle s’est transformée en un lieu de débats, d’interrogations, de réunions syndicales et de rapprochement des membres de la rédaction.

Disposant de moyens financiers plus importants que L’Optimum, autant en personnels qu’en moyens techniques, la rédaction de M Magazine se veut plus organisée spatialement notamment. Si le bureau photo de L’optimum est une simple table de travail, chez M Magazine, c’est un bureau à part, en dehors de la salle de rédaction et qui accueille deux spécialistes de la photographie gérant soit les productions, soit les achats en agence. Mais les photographes sont vus aussi par le directeur artistique. Ce bureau, que nous avons peu fréquenté, était donc en étroite relation avec le pôle artistique et les chefs de rubrique.

Ces chefs de rubrique, au nombre de trois, sont les seuls, parmi les quatre rédactions que nous avons traversées, à disposer de bureaux personnels. Quand chez FHM et Men’s health, les chefs de rubrique (ou d’enquête selon les termes utilisés par les rédactions) prennent place dans la vaste salle de rédaction, chez M Magazine, ils possèdent des endroits fermés qui leur sont propres et dans lesquels ils ont tout loisir de rédiger leurs rubriques. Ce sont des bureaux individuels pour le pôle sport-voyage et partagés par deux rubriques (santé-forme pour l’une et mode-consommation pour l’autre) pour le second bureau, qui en plus de cet espace, possède un show-room dans lequel s’accumulent les vêtements prêtés par les couturiers, les accessoires nécessaires aux pages mode. Ces deux bureaux contiennent, outre la table de travail, des bibliothèques fournies 933 et toutes sortes de produits publicitaires à tester (produits solaires, compléments alimentaires…). Une fois chroniqués, ces produits sont mis à la disposition des membres de la rédaction, dans une caisse de «rebut» au sein du couloir ou dans la salle de rédaction.

Quant au bureau du rédacteur en chef, il se veut simple et dépouillé avec sa table de travail personnelle mais aussi une table ronde sur laquelle s’effectuent les réunions. Ce bureau qui est le véritable lieu décisionnel de la rédaction, est aussi le dernier bureau auquel on parvient dans la rédaction (comme chez L’Optimum et Men’s Health). C’est notamment dans ce bureau que sont stockées les lettres des lecteurs, mais aussi les collections des magazines masculins ainsi que de multiples ouvrages sur les hommes.

Vaste par la taille, cette rédaction reflète la segmentation et la spécialisation de ces membres que nous avions notées dans l’analyse des organigrammes. Installés dans des espaces privatifs, les différents membres ont en plus à leur disposition des moyens techniques et humains facilitant la tâche, par comparaison avec L’Optimum. En revanche, nous avons trouvé dans cette rédaction un manque d’ambiance, peut-être lié à la grandeur des lieux, à la séparation et au confinement de certains membres dans leurs espaces de travail personnels avec, par rapport à L’Optimum, moins d’allées-venues entre les différents bureaux, moins de visites… Or, cette ambiance s’est transformée avec l’annonce de la disparition du magazine, avec la suspension du travail entrepris et avec la mobilisation ; elle est devenue, paradoxalement, plus chaleureuse, plus solidaire avec notamment un regroupement dans la salle de rédaction, un rangement commun des bureaux et objets personnels, des rassemblements autour de repas en dehors de la cantine du groupe Excelsior… La crise a donc apporté à la rédaction de M Magazine ce qui lui manquait : une cohésion entre ses membres qui, par effet de hiérarchisation d’une part et de séparation géographique au sein de la rédaction d’autre part, étaient jusqu’alors confinés dans leurs tâches et espaces respectifs.

Notes
933.

C’est notamment le cas dans le bureau santé-forme où de nombreux ouvrages sur la condition des hommes, la psychologie masculine, la nutrition… sont à la disposition des journalistes.