PLAN DE LA REDACTION DE FHM
(3e étage)

La rédaction de FHM se présente comme un immense loft, avec peu de séparations et de bureaux, mais plutôt avec une salle de rédaction ouverte, imposante par la taille et par le nombre de tables de travail qu’elle contient. Si, comme nous l’avons montré dans l’analyse des organigrammes, la rédaction de FHM est particulièrement hiérarchisée et où chacun est spécialisé dans une activité, elle est, contrairement à ce que nous venons de voir chez M Magazine qui, pourtant, présente une organisation assez proche, une rédaction ouverte dans laquelle les chefs de rubriques ne disposent pas de bureaux personnels mais seulement de tables de travail au sein même de la rédaction, et parmi eux, sont installés certains des membres de la rédaction qui occupent un poste hiérarchiquement élevé.

En entrant dans la rédaction, le premier bureau rencontré est celui de la mode 934 . Cellule autonome composée de membres que l’on rencontre peu dans la salle de rédaction, elle dispose d’un show-room particulièrement fourni en vêtements, accessoires, sacs, chaussures et dans lesquels les spécialistes de la mode chez FHM (un chef d’enquêtes mode et des pigistes ou des collaborateurs à temps partiel) puisent pour d’une part créer les pages mode et d’autre part pour vêtir les différentes stars françaises photographiées pour les numéros. Le balai des coursiers dans la rédaction de FHM est incessant, et notamment pour les besoins du pôle mode.

Contrairement à toutes les rédactions dans lesquelles nous sommes passés, seul le bureau du rédacteur en chef de FHM est central dans la rédaction. Avec une vitre en Plexiglas lui offrant une vue sur le secrétariat général de la rédaction, le bureau du rédacteur en chef est étroit et simplement composé de sa table de travail et d’une petite table ronde pouvant accueillir quatre personnes : c’est sur cette table qu’ont lieu les réunions qui rassemblent le rédacteur en chef et les chefs d’enquêtes. Ce bureau, dont les murs sont tapissés de certaines couvertures du magazine, héberge une collection importante d’ouvrages sur les hommes et surtout d’ouvrages sur le fonctionnement sexuel de l’homme et de la femme. 935 C’est de ce petit bureau que partent les idées des articles (soit des reprises des versions étrangères, soit des idées du rédacteur en chef, soit celles de l’ancien rédacteur en chef ou encore celles des chefs d’enquêtes) qui sont ensuite concrétisées par les chefs d’enquêtes eux-mêmes, soit par les pigistes dont ils disposent. Ce bureau est donc le lieu décisionnel qui, pour conserver une intimité et une forme de secret, a installé un rideau pour le séparer des regards des visiteurs, mais aussi des utilisateurs du photocopieur installé devant la vitre.

La salle de rédaction couvre, à elle seule, la moitié de la surface totale de la rédaction. Elle se présente comme un immense espace, avec pour séparation un mur de quelques mètres qui délimite la partie technique et artistique de la partie purement rédactionnelle. Ainsi, c’est le pôle artistique qui touche le bureau du rédacteur en chef. Y sont regroupés les maquettistes, le directeur artistique et les secrétaires de rédactions, auquel vient s’ajouter un poste (vide pendant notre stage) réservé aux pigistes de passage. Cet ensemble de 5 personnes travaille en étroite relation et face à eux, se situe le chemin de fer, en couleur, ainsi qu’une imprimante pour les textes. Quant à l’imprimante et photocopieur couleur, il se situe dans un renfoncement du couloir, fait face à une bibliothèque dans laquelle se retrouvent toutes les collections de magazines 936 . Au centre de la partie artistique, une table ronde sert au moment des réunions de rédaction et aussi des goûters instaurés certains vendredis, des pots de départ et au moment de la mise à la disposition des membres de la rédaction des produits de beauté, de soin… testés et chroniqués dans les pages du magazine.

Quant à la partie rédactionnelle de la salle de rédaction, elle tient toute la largeur du bâtiment en donnant d’un côté sur la cour intérieure et la cantine et de l’autre côté sur le boulevard.Les deux premiers bureaux mis face à face accueillent le chef d’enquête Action et celui de la rubrique Informations Générales. Ces deux journalistes, utilisant pour leurs pages, de multiples objets (la rubrique Action teste par exemple les nouveaux produits qui apparaissent sur le marché et qui s’apparentent à des gadgets), les journaux (pour la revue de presse) et le courrier des lecteurs pour la rubrique Hotline, inondent leur espace de ces matériaux qui jonchent le sol. Le chef d’enquête Infos générales tourne le dos à celui de la rubrique Pratique qui, pour chroniquer les parfums et produits de beauté, stockent ceux-ci dans une armoire fermée à clé. Il fait face au rédacteur en chef adjoint du magazine qui est le seul, avec le secrétaire de rédaction, à posséder sur sa table de travail une collection complète des numéros de FHM. Vient ensuite le chef d’enquête mégastore, avec lequel nous avons mené un tête-à-tête de deux mois et qui, afin de retracer les actualités cinématographiques, littéraires et des jeux vidéos, est chaque jour le destinataire de multiples envois des nouveautés qu’ils stockent en vue d’une présentation dans ses pages ou qui sont mis à la disposition des membres de la rédaction. C’est notamment sur ce bureau que chacun vient se fournir en CD pour assurer l’ambiance musicale de la rédaction. Enfin le dernier bureau accolé à la vitre donnant sur Paris est occupé par le conseiller de la rédaction qui, utilise lui aussi de multiples coupures de presse pour illustrer ses textes, ceux particulièrement du Journal du Pire, et qui trouvent place, après usage soit par terre en tas, soit dans une bibliothèque dans laquelle il multiplie les ouvrages sur les extrêmes.

C’est donc une salle de rédaction très fournie en personnel, en tables de travail avec pour certains des espaces de travail restreints mais dans laquelle cette proximité génère une ambiance de franche camaraderie sur laquelle nous reviendrons.

Accolé à la partie cour de la salle de rédaction, se situe le bureau de la photographie qui héberge deux personnes : l’une spécialisée dans la recherche des photographies, l’autre plutôt dans la production de ces dernières. Particulièrement bien équipés ( Emap dispose d’un studio photo pour l’ensemble de ses titres, ce qui parfois permet de sauver des situations qui, chez d’autres rédactions démunies d’un tel studio, seraient catastrophiques 937 ), ce sont eux, entre autres, qui permettent par l’envoi de photographes sur les lieux de l’action, d’immortaliser les rêves des lecteurs. Nous avons ainsi travaillé avec eux, et leur avons, comme certains membres de la rédaction, servi de figurants.

La dernière pièce de la rédaction est le vaste secrétariat dans lequel sont gérés le courrier, que chacun vient récupérer après le tri, toute la partie administrative de la rédaction, l’agenda du rédacteur en chef… Face à la secrétaire générale, une assistante des directeurs délégués et directeurs d’édition dont le bureau se trouve à l’entrée de la rédaction, tient à jour les agendas respectifs et la logistique de leurs fonctions.

De cette grande rédaction ouverte, où seul le bureau du rédacteur en chef, celui de la photo et de la mode sont fermés, nous conservons l’image d’une rédaction à l’ambiance bon enfant. Cette rédaction est à l’image du contenu du magazine : les personnages de la série américaine Simpsons sont les héros de certains journalistes qui tapissent les murs de leur espace avec leurs phrases cultes et font des miniatures de ces bonhommes de dessins animés des objets de décoration. La décontraction, les blagues, les rires font le quotidien de la rédaction. C’est ainsi que la musique est présente dans la rédaction mais pas à tous les moments ; elle disparaît au moment des bouclages et revient dans les moments plus calmes. La télévision est aussi présente dans la rédaction (elle l’est aussi chez Men’s Health mais dans une salle à part), elle se trouve au-dessus de la table de travail que nous occupions et, si elle fut peu utilisée pendant notre stage et seulement dans le but de visionner des cassettes en rapport avec le travail (la nouvelle campagne de publicité sur une chaîne du câble, le dernier clip d’un groupe très demandé par les lecteurs… ), elle fut le centre de la rédaction durant l’après-midi du 11 septembre 2001 où, tous les journalistes (dont certains viennent de la presse d’informations et des quotidiens) regroupés en cercle autour de cet écran ont suivi l’évolution des événements.

Enfin, outre la bonne ambiance, le personnel plus nombreux que dans les autres rédactions, la spécialisation de chacun, qui en fait un spécialiste de sa rubrique, la mise à disposition de moyens de productions matériels importants facilite ce travail. Le groupe Emap France possède un centre de documentation qui répertorie chaque jour les articles de presse en dossiers thématiques à la disposition des journalistes pour leurs recherches. Ceci facilite grandement le travail de préparation et d’écriture des textes mais aussi des recherches de photographies. Avec des moyens financiers plus élevés que des groupes comme les Editions Jalou, le groupe Emap a équipé la rédaction de FHM de multiples instruments (deux photocopieurs, deux imprimantes, un kiosque de presse, une télévision, Internet… ) facilitant la production.

FHM est la plus grande des rédactions de magazines masculins que nous ayons rencontrées ; elle est, par ailleurs, la mieux équipée autant humainement que techniquement et son appartenance à un grand groupe international dont la filiale française est particulièrement développée, lui offre des possibilités accrues en moyens de production, là où un groupe certes international mais dont la filiale française est quant à elle non développée offre moins de facilités telles que le centre de documentation, le studio photo… C’est notamment le cas du magazine Men’s Health qui représentait (au moment de notre stage) à lui seul le groupe Rodale en France.

Notes
934.

C’est ce bureau que nous connaissons le moins de la rédaction, pour diverses raisons : il est quelquefois fermé car les membres travaillent à l’extérieur (défilés, rencontres avec les couturiers, mannequins… ), notre travail dans la rédaction nous a amenés à fréquenter plutôt la salle de rédaction, le bureau du rédacteur en chef et le bureau de la photo, que ce bureau de la mode, tout en rencontrant régulièrement ses occupants, notamment au moment de la distribution du courrier mais aussi des différents goûters ou verres organisés dans la salle de rédaction.

935.

Ces ouvrages servent au rédacteur en chef pour répondre aux questions des lecteurs dans la rubrique Sex Questions.

936.

Ce sont les magazines mis à la disposition de la rédaction (y figurent les titres du groupe Emap (Télé Poche… ) mais aussi les hebdomadaires et mensuels des autres groupes (Paris-Match, Voici, Tétu, Marianne, Elle, GQ,, VSD, Vogue, DS, Biba…) et les quotidiens (Le Parisien, Libération, Le Monde)), tous ces titres étant utilisés par les chefs d’enquêtes pour illustrer leurs articles et particulièrement la Revue de presse et le Journal du Pire.

937.

Pour la petite histoire, lors de notre stage et dans le cadre de la rubrique Hotline, un lecteur avait pour vœu de rencontrer le boxeur Julien Lorcy. La rédaction organise la rencontre mais, quelques heures avant celle-ci, le gymnase dans lequel la séance de pose était prévue, se trouve ne plus être disponible. Après de multiples recherches, la rédaction se tourne, en dernier recours, vers le studio photo du groupe Emap qui a permis, même sans la présence d’un ring, d’immortaliser la rencontre.