a) Variations sur un nom

Hugues de Saint-Cher est né vers 1190 3 dans un village appelé Saint-Cher ou   Saint-Chef, situé dans l’actuel département de l’Isère. Cette localité dépendait alors du diocèse de Vienne - à 50 km de Lyon - dans le Dauphiné et faisait partie au sens large de la Bourgogne. 4 Peu de noms furent aussi altérés que le sien. Les variantes que l’on relève rappellent son village natal d’abord appelé Saint-Theudère, puis Saint-Chef en raison du ‘chef’ de Saint Theudère qu’on y vénérait. Hugues de Saint-Cher est donc aussi désigné sous les noms de Hugues de Saint-Theudère ou de Saint-Théodore, mais on rencontre également des attestations de Hugues de Vienne, ou de H. Burgundus. On lui donnait même le nom de Hugues de Saint-Jacques à cause de son séjour prolongé dans le couvent dominicain de Paris. Le nom de son village - Saint-Cher - fut souvent écrit en latin : Sanctus Carus; aussi le futur cardinal était-il aussi appelé Hugo a Santo Caro ou Hugo carensis. 5 Remarquons que ce nom a donné lieu à des variantes : par une transformation phonétique du nom « S. Theudericus », Henri de Hereford l’appelle Hugues « de Cheliderio » 6 et sur une épitaphe lyonnaise on peut lire « de Celidonio ». 7 C’est probablement cette inscription funéraire qui a induit en erreur l’abbé Varnet, lequel affirmait que Hugues était issu d’une famille originaire de Bourgoin et connue sous le nom de Célidorio. 8 En réalité, nous ne connaissons pas sa famille à l’exception de deux de ses neveux. 9

Notes
3.

Cette date est une estimation proposée par Jacques Verger dans un exposé intitulé « Hugues de Saint-Cher dans le contexte universitaire parisien », In. Colloque international sur Hugues de Saint-Cher, O.P. bibliste et théologien du XIIIe siècle, Paris, le 13-15 mars 2000. De même, Agostino Paravicini Bagliani écrit : « Ugo nacque verso il 1190, per il fatto che lo si vede prima del 1226 dottore di diritto a Parigi, dove era stato mandato assai giovane per seguire gli studi universitari. » (A. Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia e ‘familiae’ cadinalizie dal 1227-1254, Padova, 1972, p. 259) ; Voir aussi : P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, 2 vol, Paris, 1933, vol. I. p. 42.

4.

U. Chevalier, Dictionnaire topographique du département de l’Isère, Romans, 1921, p. 311, 312 et 326.

5.

Sur les nombreuses variantes du nom de Hugues de Saint-Cher, voir : A. Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia e ‘familiae’ cardinalizie dal 1227-1254, op. cit., p. 257-58.

6.

Liber de rebus memorabilioribus, ed. Potthast, In. A. Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia, op. cit. p. 258.

7.

« In hoc sepulchro jacet vir venerabilis Deo, et hominibus gratiosus F. Ugo de Celidonio Viennensis tit. Diocesis S. Sabinae quondam Presb. Card… (sic) » (H. Albi, Eloges historiques des cardinaux illustres, françois et étrangers, mis en parallèle avec leurs portraits au naturel, Paris, 1644, p. 12, In. A. Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia, op. cit. p. 258.)

8.

Saint Theudère et son abbaye de Saint-Chef, Etudes historique par l’abbée Varnet, Grenoble, 1873. p. 152. Voir en particulier le chapitre 4 : Le cardinal Hugues de Saint-Chef, p. 151-166.

9.

Ces deux neveux sont connus sous le nom d’un certain Jean de Vienne, chanoine de Paris (voir : A. Paravicini Bagliani, Cardinali di Curia op. cit. p. 259) et d’un certain Martin, clerc, qui a reçu d’Innocent IV - par l’intermédiaire de l’abbé de Sainte Geneviève de Paris - une prébende lui permettant de subvenir à ses besoins pendant ses études universitaires (H. Denifle, Chartularium universitatis parisiensis, Paris, 1889, p. 190, n. 156).