f) La mémoire d'un cardinal dominicain du XIIIe siècle

Lorsque Hugues meurt, le pape Urbain IV et tous les cardinaux participent à ses funérailles célébrées en grande pompe à Orvieto le 19 mars 1263. Un an après l’enterrement, une exhumation publique est effectuée pour apporter sa dépouille à Lyon où il est enseveli dans l’église des Jacobins le 8 décembre 1264. Cette église profanée pendant la Révolution et renversée sous la Restauration sert d’emplacement à la préfecture actuelle et - selon l’abbé Varnet - à la fin du siècle dernier on pouvait encore voir le sceau du cardinal aux archives de la préfecture lyonnaise. 58

La vie de Hugues de Saint-Cher est l’histoire d’un homme qui a relevé les défis de son temps, qui s’est engagé à chercher des solutions aux questions doctrinales de  l’époque et qui a réussi à atteindre une grande notoriété au sein de l’Eglise. Maître parisien, régent à la faculté de théologie, il fait une carrière universitaire remarquable. Membre de l’Ordre de Saint-Dominique, il est prieur du couvent Saint-Jacques et deux fois prieur provincial. Bien qu’il ne fût jamais élu maître général de l’Ordre, il eut beaucoup d’influence sur le début de l’histoire des Frères Prêcheurs, influence qu’il a conservée après sa promotion au cardinalat, alors même qu’il vivait davantage dans le milieu de la curie qu’auprès de ses confrères. En tant premier dominicain promu au rang de cardinal, Hugues est pratiquement au sommet de la carrière ecclésiastique accessible pour un frère mendiant - même si l’on sait qu’un Nicolas de Trévise sera élu pape au début du XIVe siècle. Légat à plusieurs reprises, Hugues a fait une carrière diplomatique brillante en travaillant, dès 1230 et jusqu’à sa mort, en relation étroite avec quatre papes – Grégoire IX, Innocent IV, Alexandre IV et Urbain IV. De par sa fonction, il a contribué à forger une alliance entre les Dominicains et la Cour pontificale au XIIIe siècle.

Notes
58.

Saint Theudère et son abbaye de Saint-Chef, op. cit. p. 162-163.