Dans les pages suivantes, nous tâcherons d'établir un bilan des connaissances actuelles au sujet des œuvres de Hugues de Saint-Cher en accordant une attention particulière aux éditions et à la datation des œuvres.
Toutes les œuvres de Hugues de Saint-Cher demeurent en majorité inédites ou dépourvues d’éditions critiques. Aussi, les chercheurs souhaitant étudier les œuvres du cardinal dominicain doivent-ils obligatoirement passer par les documents manuscrits dont un nombre considérable a été conservé jusqu’à nous.
Rappelons dès lors dès à présent qu'un travail important de recherche portant sur Hugues de Saint-Cher a été effectué récemment : un colloque international organisé en mars 2000 fut entièrement consacré au cardinal dominicain. 64 A cette occasion, plus de vingt chercheurs ont présenté le résultat de leurs recherches portant sur le bibliste, le théologien et le prédicateur qu’il était.
«On peut être légitimement surpris qu'aucune étude d'ensemble n'ait été consacrée jusqu'à présent à l'œuvre de Hugues de Saint-Cher.» Si cette phrase - extraite du programme du colloque ci-dessus mentionné - révèle l'absence d'un travail de synthèse portant sur Hugues de Saint-Cher, elle sous-entend également une pénurie des sources primaires imprimées. En effet, jusqu'à nos jours, seules quelques-unes des œuvres du cardinal ont fait l'objet d'éditions critiques ou de transcription sur un ou plusieurs manuscrits. Nous tâchons ci-dessous de faire la liste de ces tentatives.
Certaines questiones ont bénéficié d'une attention particulière de la part des chercheurs. Il s’agit principalement des questions figurant dans le manuscrit de Douai 434. 65 Or, sur une quarantaine de questiones attribuées à Hugues de Saint-Cher, seules trois ont fait l'objet d’éditions critiques : le «De anima», le «De beneficiis» et le «De prophetia.» 66
Quant aux Postilles de Hugues de Saint-Cher, il en existe de nombreuses éditions anciennes. En effet, le succès de ce commentaire biblique ne s’est jamais démenti, même après l'invention de l'imprimerie: il fut édité dès la fin du XVe siècle et ce jusqu'au XVIIIe siècle. 67
De même, un traité sur la messe fut souvent édité sous le titre Tractatus super missam, sive Speculum ecclesiae. 68
Néanmoins, ces éditions imprimées ne constituent qu'une infime partie de l'ensemble de l'œuvre de Hugues de Saint-Cher, la majorité restant totalement ou largement inédite. 69 Voici une liste de ces ouvrages :
Commentaire d'Histoire scolastique de Pierre le Mangeur (Postilla super « Historia scholastica ») 70
Commentaire des Sentences (Super libros I-IV Sententiarum) 71
Correctoire biblique (Correctorium Bibliae) 72
Concordance verbale (Concordantiae Bibliae dictae « de S. Iacobo » Parisiensis, compilatae) 73
Sermons du dimanche (Sermones dominicales) 74 On en distingue trois types: Sermones de evangeliis dominicalibus; 75 Semones de epistolis dominicalibus; 76 Sermones de epistolis et evangeliis dominicarum. 77
«Hugues de Saint-Cher, O.P. Bibliste et théologien» - colloque international organisé par le Centre d'études des religions du Livre (C.N.R.S.-E.P.H.E.) et le Centre d'études du Saulchoir, le 13-15 mars 2000. L'objectif du colloque était de «stimuler les études sur cet auteur majeur du XIIIe siècle, au moyen d'un colloque international, consacré principalement à son travail de bibliste, ainsi qu'à son œuvre théologique.» (extrait du programme du colloque)
Tome I. fol. 102v, 107v, 108 s, 113v. 119v. Sur les questiones figurant dans le manuscrit de Doui 434, voir: P. Glorieux, Les 572 Questions du manuscrit de Douai 434, In. Recherches de Théologie Ancienne et Médiévale X (1938), p. 123-152, et 225-267.
D'après le catalogue établi par Glorieux (voir supra), ces questions portent respectivement le numéro 263, 476 et 481. Le traité «De anima» fut édité par O. Lottin, Un petit traité sur l’âme de Hugues de Saint-Cher, In. Revue néo-scolastique de philosophie, Louvain, p. XXXIV (1932), p. 468-475, (repris dans : O. Lottin, Psychologie et Morale au XIIe et XIIIe sièlces, t. VI. Gembloux, 190, p. 142-148). Pour la question «De beneficiis», voir: F. Stegmüller (ed), Questio de beneficiis ecclesiasticis, Historisches Jahrbuch 72 (1953), p. 184 –202. Quant à la question «De prophetia», voir: J.-P. Torrell, Théorie de la prophétie et philosophie de la connaissance aux environs de 1230. La contribution de Hugues de Saint-Cher (Ms. Douai 434, Question 481) (Spicilegium sacrum Lovaniense 40), Louvain, 1977. Sur les questiones de Hugues de Saint-Cher, outre le répertoire de Glorieux - indiqué plus haut - voir encore: O. Lottin, Quelques « Questiones » de maîtres parisiens aux environs de 1225-1235, In. Recherches de Théologie Ancienne et Médiévale, V (1933), p. 79 s. ; D. Van den Eynde, Nouvelles questions de Hugues de Saint-Cher, In. Mélanges Joseph de Ghellinck, 2 vol. Gembloux, 1951, tome II. p. 815-835 ; V. Doucet, A travers le manuscrit 434 de Douai, In. Antonianum XXVII (1952), p. 558-568. Voir en dernier lieu : Ricardo Quinto, Il codice 434 di Douai, Stefano Langton e Nicola di Tournai, Sacris Erudiri, Jaarboek voor Godsdienstwetenschappen XXXVI, Brepols, Turnhout, 1996
Voir : F. Stegmüller, Repertorium biblicum medii aevi, t. III. : Commentaria, Auctores H-M., Madrid, 1951, p. 114-173. Quant à la première édition des Postilles, elle provient de Venise et date de 1487 (Dictionnaire de Spiritualité t. IV. col. 61). Parmi les nombreuses éditions, je note celle de Venise 1703, la dernière datant de 1754. Notons ici qu'au début du XXe siècle, le Père Mézard a publié des textes choisis du commentaire de Hugues de Saint-Cher sous le titre De vita Spirituali. (D. Mézard, De vita Spirituali. Ex commentariis B. Hugonis de Sancto Charo, Ord. Praed. super totam Bibliam excerpta, Ratisbonne, 1910)
Parmi les nombreuses éditions – anciennes et modernes - (voir : Kaeppeli, Scriptores, II. 276-80) je signale celle de Lyon 1554 que j’ai consultée par commodité.
Pour les références, voir - outre l'ouvrage indispensable de Kaeppeli (cité plus haut) - le travail récent d'Anja Inkeri Lehtinen (A. I. Lehtinen, The Apopeciae of the manuscripts of Hugues of Saint-Cher's works, In. Medioevo. Rivista di storia della filosophia medievale, XXV, (1999-2000), Roma-Padova, 2000. p. 1-167.
Kaeppeli, Scriptores, II. p. 273-274. Notons une édition en préparation par Mark J. Clark. Une intention identique fut exprimée par Anja Inkeri Lehtinen au Colloque international sur Hugues de Saint-Cher, O. P., voir : supra.
Kaeppeli, Scriptores, II. p. 271-272.
Kaeppeli, Scriptores, II. p. 273.
Voir: R. H. and M. A. Rouse, The Verbal Concordance to the Scriptures, AFP 44 (1974), p. 5-30
Voir : J. B. Schneyer, Repertorium der lateinischer sermones des Mittelalters für die Zeit von 1150-1350, Münster i. W., 1969-1980 (11 vol.). vol. II. p. 758-785.
Schneyer, p. 758-766. Cette série (Sermones de evangeliis dominicalibus) comprend 126 sermons.
Schneyer, p. 766-770. Cette collection (Sermones de epistolis dominicalibus) contient 60 sermons.
Schneyer, p; 770-778 Quant à la troisième série (Sermones de epistoliis et evangeliis dominicarum), elle renferme 116 sermons. Sur ces sermons-modèles en particulier, voir le chapitre 3.