Les auteurs des correctoires du XIIIe siècle ont souvent composé aussi des commentaires bibliques, des postilles. Ce constat est valable pour Hugues de Saint-Cher de même que pour le grandcommentateur du début du XIVe siècle : Nicolas de Lyre. Le correctoire de ce dernier intitulé « Traité sur les différences entre notre traduction et l’hébreu », est composé des notes extraites de sa Postille. A part le fait que des auteurs ont excellé dans la composition des deux ouvrages, de type différent, il convient de noter que les correctoires des uns pouvaient servir pour la composition des commentaires des autres, plus tardivement. Ainsi, pour ne signaler qu’une donnée qui concerne particulièrement notre étude, Albert le Grand utilisera le correctoire de Hugues comme source dans son commentaire. 114
Ce rapport entre les correctoires et les commentaires n’est pas fortuit : les résultats du premier ont encouragé le développement du second. D’une part, la correction du texte de la Bible était une condition même de la composition des commentaires dont la qualité dépendait de l’examen minutieux du corpus de la Sacra Scriptura. D’autre part, la démarche méthodologique des correctoires a conduit à une réflexion exégétique : à l’exégèse littérale. Ainsi, les correctoires - ces instruments de travail - en permettant une rapide évolution de l’exégèse médiévale ont contribué à la naissance de la théologie en tant que science. Selon Gilbert Dahan, les travaux des correctoires constituent une étape importante dans l'histoire de la critique textuelle et l'établissement du texte biblique. En effet, le chercheur qualifie l'approche des correctoires «scientifique», car «elle applique une méthode rigoureuse, fondée sur des observations objectives, sur une analyse portant sur de nombreux manuscrits, et aussi parce qu'elle est consciente de ses moyens et de ses enjeux.» 115
G. Dahan, L’exégèse, op. cit. p. 236.
G. Dahan, La critique textuelle, art. cit. p. 385.