Le développement de la formation intellectuelle de Hugues de Saint-Cher - dont il était question au chapitre premier - invite à penser que, dans sa contribution à la pratique de la prédication que nous connaissons par son recueil de modèles, 432 l'auteur tire profit de son savoir d’exégète. Or, une première lecture du sermonnaire permet de constater d’emblée que la forme des sermons modèles porte la marque d’une technique exégétique qui fut au début du XIIIe siècle en plein essor : la distinction. En effet, ce n'est pas par hasard que l'on désigne souvent le recueil des sermons de Hugues de Saint-Cher par le nom de distinctions.
La place éminente de la distinctio (nous allons voir que 90% des sermons sont structurés par recours aux distinctions) invite à examiner d’abord la façon dont Hugues de Saint-Cher se sert de cette technique. Dans ce cadre, nous allons étudier la place - importante - que l'auteur accorde à la technique de la distinction, et nous examinerons la contribution de Hugues de Saint-Cher dans l’application de cette technique à l’intérieur d’un genre oratoire. De même, nous tenterons d'établir une typologie des distinctions utilisées dans ses sermons des évangiles. Ensuite, nous analyserons les techniques exégétiques subordonnées aux distinctions, tels le recours aux autorités et l’usage des interprétations de noms. Enfin nous nous demanderons si l’œuvre ainsi produite présente des liens avec le reste de l’œuvre exégétique de Hugues de Saint-Cher, en particulier avec les postilles (dans la mesure où l'on peut considérer qu’elles sont l’œuvre du futur cardinal dominicain), le correctoire et la concordance.
Notons une nouvelle fois que nous examinons la contribution de Hugues de Saint-Cher à la pratique de la prédication d'après une partie des sermons modèles (sermones de evangeliis dominicalibus), ainsi nous excluons les autres sermons modèles, ainsi que les sermons reportés. Sur ces derniers travaillera Bernard Hodel.