V. Le catéchisme de Hugues de Saint-Cher : théologie spéculative et théologie pratique

L'examen des doctrines et l'étude des références à la société de l'époque peut contribuer substantiellement à la compréhension de l'ensemble du sermonnaire de Hugues de Saint-Cher. Aussi procèderons-nous désormais à une étude approfondie dans ces deux directions.

Dans le domaine doctrinal - développé dans la première partie du présent chapitre - nous tenterons d’apprécier l’importance relative donnée aux différents sujets par Hugues de Saint-Cher dans ses sermons modèles, en tenant compte du nombre des occurrences, afin de dégager du corpus le “ catéchisme personnel ” de l’auteur. L’évaluation de la fréquence relative des sujets traités permet en effet de recenser les sujets de prédilection de Hugues, de relever les points de doctrine sur lesquels, dans la perspective pastorale du prédicateur, il a particulièrement insisté, et d’apprécier leur importance respective. D'autre part, nous prendrons en considération les traces de convictions et de prises de position théologiques de Hugues de Saint-Cher véhiculées dans ses différentes œuvres théologiques, afin de confronter ce dossier doctrinal à celui des sermons. L’exposé systématique du théologien peut aider à mieux percevoir certaines thèses, promptement esquissées dans les sermons. La confrontation des deux ensembles est de toute façon éclairante lorsque l’on cherche à discerner les choix du prédicateur, soit qu’il se montre discret sur des sujets qui ont spécialement retenu son attention en tant que théologien, soit qu’il amplifie l’orchestration d’autres sujets, à la mesure de l’importance pastorale qu’il leur donne.

Pour ce qui est des questions morales - traitées dans la seconde partie du présent chapitre - nous procèderons de la même manière que pour les doctrines : une analyse menée sur les sermons, à l’aide de comptages permettant d’établir la fréquence et la distribution des sujets dans le temps d’une année liturgique, ira de pair avec les recherches effectuées à partir d'autres sources théologiques de Hugues. Dans cette deuxième partie du chapitre nous montrerons que certaines convictions théologiques  du frère dominicain peuvent avoir été en rapport avec ses propres expériences, et cela de deux manières : ou elles ont trouvé un terrain d’application à l’occasion de ses missions diplomatiques, ou - à l'inverse - sa carrière ecclésiastique, ainsi que les milieux qu’il a fréquentés ont eu une incidence sur son enseignement.