Remarques théologiques sur les dons du Saint-Esprit

Il est intéressant de rappeler dans ce lieu la position théologique de Hugues concernant les dons du Saint-Esprit, même si son influence sur cette doctrine se manifeste davantage par une classification logique des différentes positions théologiques que par une conception originale. Selon le classement de Hugues de Saint-Cher, certains théologiens affirmaient que les dons du Saint Esprit sont des vertus - virtutes spirituales - théorie rapportée par Prévostin de Crémone et que Hugues semblait adopter implicitement. ⁶⁹² D’autres, conformément aux idées d’Etienne Langton, étaient d’avis qu’aucun don n’est vertu. Cette thèse eut – d'après la classification de Hugues – deux variantes : selon la première, les dons seraient les effets des vertus, effectus, tandis que la seconde atteste qu'ils sont les adjuvants des vertus: expeditiones virtutum. ⁶⁹³ En effet, pour voir l’épanouissement de la théorie des dons du Saint-Esprit, il fallait attendre Philippe le Chancelier et la nouvelle tendance qui consistait à distinguer la trilogie ‘vertus, dons et béatitudes’ – trois étapes réellement distinctes dans le progrès de l’âme. ⁶⁹⁴ Toujours est-il que Hugues a joué un rôle non négligeable en créant une synthèse des théories sur les dons du Saint Esprit de son temps.

La position de Hugues concernant les dons du Saint Esprit et les vertus n'est pas exposée dans les sermons. Néanmoins, notons une seule occurrence significative: dans le sermon A quatuor ventis (Eze. XXXVII. 9), l'auteur expose une  distinction selon laquelle les quatre vents du Saint-Esprit sont l'humilité, la pauvreté, l'obéissance et le travail du Christ. Or, ces quatre vents appellent les sept dons du Saint-Esprit, dit Hugues: par l'humilité nous avons la sagesse et l'intelligence; par la pauvreté nous obtenons le conseil et la force; par l'obéissance nous acquérons la science et la piété; enfin, par le travail nous possédons le don de la crainte. ⁶⁹⁵