Dans les sermons, Hugues traite abondamment - outre la nature humaine du Christ - des doctrines se rapportant à la divinité de Jésus. Or, parmi les doctrines relatives à la divinité, la rédemption occupe une place essentielle. Cette question théologique importante - opus redemptionis - est un des sujets principaux des sermonnaires du XIIe siècle et elle continue à occuper une place prédominante au siècle suivant dans les homélies de Hugues de Saint-Cher. 712
Jésus est né pour racheter l'homme, affirme Hugues, car lui seul pouvait laver l’opprobre de l’humanité : il est le sauveur qui enlève les péchés du monde. 713 Pour sauver l'humanité, il lui fallait se sacrifier. 714 La doctrine du sacrifice va de pair avec la thèse de la rédemption. 715 Notons ici qu'une partie non négligeable des sermons traitant de la rédemption sont prêchés en période de Noël : entre l'Avent et la circoncision. Bien entendu, dans la plupart des cas, il s'agit d'une simple mention de la rédemption. 716 En revanche, dans le sermon Postquam consummati sunt (Luc. II. 21) Hugues compare Jésus à un marchand qui a payé pour l'homme les arrhes de la rédemption au moment de la circoncision pour régler la totalité du prix lors de sa Passion. 717
Sur l’oeuvre de la rédemption dans les sermons du XIIe siècle, voir: M.-M. Lebreton, Recherches sur les principaux thèmes théologiques, art. cit. p. 8-15. Voir aussi: J: Longère, Oeuvres oratoires de maîtres parisiens au XIIe siècle, Etudes augustiniennes, Paris, 1975, voir en particulier: p. 65-180.
Sur le Christ, sauveur de l'humanité, voir les sermons (11,2), (14,3), (39,3) et (68,1). Dans ces sermons, Hugues se contente souvent d'une simple mention du salut ou du Christ, le sauveur. A titre d'exemple, nous lisons dans le sermon Cum turbe irruerent (Lc. V. 1): «Ad quem veniunt: quia ad Iesum, id est ad salvatorem, qui interpretatur salus et vita, quoniam triplex est salus: - Prima est extra nos, scilicet salus corporalis. […] - Secunda est intra nos, scilicet spiritualis. […] - Tertia est supra nos, scilicet eternalis. {…]» (68,1).
«Primum vinculum est levigatio peccati. Illud vinculum solvunt tria: […] Pro peccatis Christi crucifixio. […] Bernardus: Intende, o homo, quam gravia sunt vulnera tua, pro quibus necessarie fuit Christum pati, non enim esset ad mortem eternam, nunquam pro eis filius Dei moreretur.» (42,4).
Sur l'œuvre de la rédemption, voir les sermons suivants: (2,3), (7,2), (8,1), (14,1), (51,1), (86,3) et (102,2). Notons deux exemples.
«Sequitur. Michi. - Quem tu, Domine, fecisti, quoniam ipse fecit nos et non ipsi nos. […] - Quem redemisti.[…] - Quem salvandum promisisti. […]» (86,3). Nous lisons ailleurs: «Item alie cause quare est diligendus [Deus] : - Quia tanto precioso nos redemit […]» (102,2).
«Ad litteram, qui voluit pro hominibus nasci, voluit VIIIa die secundum legem circumcidi, et hoc multis de causis: […] - Quinto ut nos ad amorem sui accenderet. Hodie enim tamquam mercator, arras nostre redemptionis persolvit, ut postea totum solveret.» (14,1).