Présentée comme l'issue du jugement dernier, ou l'opposé de la vie éternelle, la damnation perpétuelle est un sujet fréquent dans les sermons. 810 Hugues rappelle que tous ceux qui ne méritent pas la vie éternelle auront pour héritage la damnation perpétuelle. 811 En effet, la damnation perpétuelle sanctionne une vie passée dans le péché. 812 Ces vices sont comparables à la nuit, car ils conduisent l’homme vers la nuit éternelle, 813 où la peine subie correspond exactement aux péchés commis quant à son mode, son nombre, sa quantité et sa qualité. 814 Le seul moyen pour échapper à la peine éternelle, est de les changer contre des peines temporelles, affirme Hugues. 815 Aussi faudrait-il considérer la peine des autres afin d’éviter la tentation du péché. 816 Dans le même ordre d’idée, un des bienfaits du travail est qu’il occupe le moment où l'homme pourrait être tenté, ainsi il le sauve de la peine éternelle. 817
Dans les sermons, Hugues prévient que l'homme doit craindre la damnation et la peine éternelle, car elles sont redoutables. 818 Les damnés en enfer sont constamment dans le trouble (confusio). 819 Nous retrouvons l’image stéréotypée de l’enfer: 820 c’est le lieu des supplices où les peines sont dures, horribles, longues, diverses et interminables. 821 Cet endroit est à craindre car y règnent une puanteur intolérable, un feu inextinguible et un désespoir incomparable. 822 En effet, c’est le pays du feu et du soufre. 823 Notons en résumé que l’enfer, lieu de la damnation, est toujours dépeint par l’auteur avec des images claires et expressives suscitant la peur et l’horreur. Si par la description du royaume de Dieu Hugues voulait attirer les fidèles vers une vie vertueuse, l’usage des images repoussantes avait pour but de dissuader les fidèles de commettre des péchés en utilisant souvent l’arme de la menace. De plus, on voit à plusieurs reprise ces deux champs d'images juxtaposés dans le même sermon, ce qui montre que Hugues voulait tirer profit de ce jeu de contraste. 824
Voir les sermons (6,2), (10,2), (25,2), (30,12), (35,2), (39,2 et 7), (45,1), (66,1), (75,1), (77,3), (78,3), (83,1), (86,2), (87,1), (108,3), (109,1), (110,3), (123,1) et (125,2).
«Omnis arbor, id est omnis homo vel voluntas hominis, que non facit fructum bonum, eterni regni meritorium, excidetur, scilicet de terra viventium, et in ignem mittetur, scilicet gehenne, (Mt. VII. 19).» (75,1). Le sermon Factum est ut moreretur mendicus (Lc. XVI. 22) traite de la mort qui est suivie par la récompense pour les justes, ainsi que par la damnation pour les pécheurs. (61,1 et 2).
«[...] [Peccatum] mortem etenam dat.» (110,3).
«Dicuntur autem peccata noctes, quia ducunt ad noctem eternam.» (39,3).
«Notandum quod pena respondebit culpe in quatuor, scilicet: - In modo. […] - In numero. |…] - In quantitate. […] - In qualitate.» (109,1)
«Sequitur. Propitius esto. - Fragilitatem meam respiciendo. - Peccata commissa condonando. - Penam eternam in transitoriam commutando.» (86,2). L’idée de changer la peine éternelle contre des peines temporelles revient souvent: «Consolatur enim nos Dominus cum nobis ostendit quod dolor quem sustinemus in hoc mundo: - Est brevis. […] - Omnibus communis. […] - A pena eterna immunis.» (12,2). Ou encore: «Consolatur enim Spiritus sanctus penitentes tripliciter, ostendens eis per predicatores suos quod penitentia quam pro peccatis suis faciunt est: - Levis. - Brevis. - A pena eterna immunis.» (54,2). Voir également: (50,4).
(107,3)
«Debemus laborare: -Ut Deum honoremus. […] - Ut sobrie inde vivamus. […] - Ut proximo subveniamus. […] - Ut Deo obediamus. […] - Ut temptationes diaboli evadamus. Ideo semper aliquid operis facite ut tempus diabolus inveniat occupatum. […] - Ut sic penas perpetuas fugiamus.» (25,2).
Dieu suscite en nous la peur de la damnation éternelle, dit Hugues: «Hic autem diffamatus est apud illum, id est accusatus et hoc: prima consciencia. Iere. II. (19), Arguet te malitia tua, etc, quasi dissipasset bona illius ut dixi superius, et vocavit illum. Vocat Dominus peccatorem quandoque per locutionem, vel predicationem, vel per internam inspiraionem incutit ei dampnationis timorem.» (77,3). Voir aussi les sermons (39,7) et (108,3).
(108,1)
Remarquons que pour désigner l’enfer, Hugues utilise en général le terme infernum, mais nous retrouvons à deux reprises le vocable géhenne (gehenna: 75,1 et 123,1).
Un autre passage sur la peine en enfer: «Respice inferni supplicia: - Horribilia intuenti. […] - Intollerabilia sentienti. […] - Interminabilia sustinenti.» (30,12). Ici même, on trouve cette citation: «Respice penarum: - Acerbitatem. […] - Feditatem. […] - Diversitatem. ” (30,11). Toujours sur la peine: «Set tria sunt qui, si bene considerantur, fugant omnem illicitam delectationem: - Penarum acerbitas. […] - Penarum diversitas. […] - Penarum eternitas.» (35,2). Voici une variante: «Eterne dampnationis punitio. Fragmenta huius panis sunt : - Penarum acerbitas. […] - Diuturnitas. […] - Diversitas.» (125,2). Voir aussi les sermons (6,2), (10,2), (39,2) et (87,1).
«Tertio infernum. Et in inferno debet quilibet peccator tria timere : - Fetorem intollerabilem. - Ignem inextinguibilem. - Desperationem incomparabilem. Apoc. IX. (6), _In debus illis querent homines mortem et non venient eam, etc, immo mors depascet eos, sicut herba depasta iterum crescit ut depascatur, et ita mors depascet eos (Ps. XLVIII. 15). Unde nota quod post mortem corporalem, accidet peccatoribus in contrarium. Illum enim quod plus desiderabant dum erant in mundo erat vita temporalis, et quod plus fugiebant, erat mors corporalis. In inferno vero erit totum contrarium ut superius dixi.» (78,4). Voir également: (4,1).
«Sextus panis est perpetue mortis evasio. Fragmenta huius panis sunt: - Ignis. - Sulphur. - Et spiritus procellarum, que sunt pars calicis dampnatorum.» (73,7).
Comme nous avons indiqué plus haut, ce sont les sermons (6,2), (10,2), (25,1-2), (30,12-13), 39,2,5 et 7), (123,1 et 2) et (125,2).