2. Les péchés dans les sermons de Hugues de Saint-Cher

Après avoir mentionné les doctrines théologiques de Hugues de Saint-Cher au sujet des péchés et des vertus, nous examinerons sa position telle qu’elle se présente dans les sermons. Notons dès lors que dans la collection étudiée les péchés sont généralement accompagnés des vertus, et nous sommes certains que le fait d'associer les deux pôles extrêmes est une volonté expresse du frère dominicain. De même, il est intéressant de noter une démarche systématique de l'auteur qui consiste à partir des péchés fustigés pour aboutir aux vertus présentées comme des exemples à suivre.

La position hostile de Hugues vis-à-vis des vices est manifeste dans les sermons. D’un sermon à l’autre, le frère dominicain exhorte les hommes à s'abstenir des péchés. Il prévient régulièrement que les péchés sont commis de trois manières : par la pensée, par la parole et par les actes, auxquelles il ajoute parfois une quatrième : l’habitude (consuetudo). ⁸⁷⁵ Hugues montre avec insistance le caractère délétère des défauts de l'homme : ils sont vils et indignes et ne procurent que de brèves joies. ⁸⁷⁶ De même, il expose trois autres caractéristiques du péché (magnitudo, multitudo, vetustas). ⁸⁷⁷

Le pécheur, en tant qu’individu, est un homme indigne qui a dissipé les biens du  Seigneur et qui doit craindre la mort et la justice du Seigneur. ⁸⁷⁸ Ce pécheur est dans la  boue de ce monde, penché vers les choses terrestres, et dort dans le vice. ⁸⁷⁹ Pourtant, il devrait considérer la gravité, la multitude et l’ignominie de ses péchés. ⁸⁸⁰ Le pécheur pourrait éviter le péché par l’amour, la pudeur ou la peur, mais une fois y tombé, il lui est très difficile de guérir de sa maladie. ⁸⁸¹ De surcroît, ils trouvent fréquemment des excuses et ils refusent de répondre à l’appel du Seigneur, pourtant ils devraient reconnaître leurs péchés, pleurer et prier humblement. ⁸⁸²